180 pages de photos, d'anecdotes, de conseils et d'astuces. Betty, le premier livre illustré de la blogueuse française Betty Autier se veut à l'image de son blog : pop, itinérant, personnel et gourmand. À 33 ans, la jeune femme présente un ouvrage inspirant, publié aux éditions Flammarion. Là où d'autres stars des Internets ont préféré jouer la carte de la fiction (Zoella, Andy Raconte), Betty Autier s'est concentrée sur ce qu'elle maîtrisait le mieux, à savoir son histoire et son parcours. Elle a choisi de les mettre au service d'un éclairage plus global : le décryptage d'une tendance et l'évolution du métier de blogueur.
L'écriture semble sincère, le ton authentique et, parfois, impertinent. Betty Autier n'évite aucun sujet. Et c'est bien là qu'elle nous inspire, nous étonne même. Car si la trentenaire commence son récit par le début - l'enfance, l'absence d'un père décédé lorsqu'elle avait trois ans, sa relation avec les femmes de sa famille - son discours progresse au fil des pages. La blogueuse et apprentie écrivain ne se contente pas d'un CV à rallonge. Elle se révèle. Elle ose la confidence, la confrontation, et engage librement des sujets sur le body-shaming, le harcèlement en ligne ou les troubles de l'alimentation. Florilège des révélations qui nous ont le plus marquées.
Quand on scroll le compte Instagram de Betty Autier, on se dit que cette fille a une vie de rêve. Voyages de Londres à Lisbonne, séjours dans de magnifiques chambres d'hôtels, déjeuners gourmands et défilés de fringues toutes plus belles les unes que les autres... Le quotidien de Betty semble sponsorisé par les hashtags #travelgram #foodporn et autres #outfitoftheday.
Mais lorsque l'on rembobine l'histoire, on apprend que la trentenaire a créé son blog en février 2008, toute seule, dans sa petite maison d'Argenteuil. Deux jours de Wordpress, de codes et de CSS lui suffiront pour bâtir "de A à Z", écrit-elle, sa désormais célèbre plateforme (un peu geek, Betty ?). Le succès ne tarde pas. Quand on est acharnée et passionnée, succès mérité ?
Difficile de cantonner Betty Autier à un seul métier. La jeune femme accumule les casquettes. Autour de son activité de blogueuse, elle a développé une véritable entreprise. Betty n'est plus toute seule devant et derrière son appareil photo. En 2012, elle collabore avec la maison Lancaster pour concevoir un sac à main. S'enchaînent ensuite d'autres projets avec d'autres prestigieux noms. En 2013, un agent s'occupe même de la carrière de Betty.
Aujourd'hui, derrière le blog, le (nouveau) site (à venir), le compte Instagram de la jeune femme, il y a désormais toute une équipe : "des traductrices, plusieurs agents, une assistante...", peut-on lire dans Betty. La jeune femme est à la tête d'un empire, elle ne le cache pas. Mais elle insiste également sur tout le travail qu'elle a dû accomplir pour en arriver là.
Pour les lecteurs et lectrices de leblogdebetty.com, ce n'est pas une surprise : l'année 2015 n'a pas été des plus cool. Un déménagement aux États-Unis, une séparation avec son compagnon de six ans (Mathieu Lebreton, lui aussi blogueur), un retour à Paris avec un cœur brisé en bonus dans ses valises... Betty Autier a dû lever le pied côté blog.
"Pour revenir sur ma séparation [...], je dois dire que je me suis fait larguer d'une manière pas très classe", confie Betty Autier dans ce livre. "Cependant, une fois le chagrin de ma rupture passé, je me suis sentie pousser des ailes." Betty Autier est revenue sur le devant de la scène, en prenant sa vie en main comme jamais. Plus indépendante, plus en phase avec elle-même, la blogueuse nous inspire avec ce discours libérateur.
Quand on s'expose sur Internet et les réseaux sociaux, le danger est toujours le même : on risque d'être la cible des trolls et des haters. Betty Autier n'a pas échappé à la tendance. Dans le livre, plusieurs pages ont été consacrées à ces commentaires haineux, reçus en réponse aux clichés postés par la blogueuse.
Est-ce qu'elle ne grossit pas un peu du genou ?
Commentaire d'un anonyme
"Est-ce qu'elle ne grossit pas un peu du genou ?", "Coucou la grosse ! Alors, c'est bon, tous ces donuts ? Fais gaffe, t'as grossi des cuisses !" ou encore "On te paye pour toujours faire la tronche sur les photos ? Ah non, pardon... ça fait partie du personnage"...
Betty Autier prend aujourd'hui ces commentaires avec humour et autodérision. En témoigne les questions-réponses à la fin de l'ouvrage. Notre préféré : "Pourquoi ne jamais avoir organisé de meet-up avec tes lecteurs ?", demande un internaute. La (vraie) réponse de Betty : "Je tiens à garder une parte de mystère. J'aurais peur de paraître trop sympa et de perdre mon coté peste. :)"
Une chose en entraînant une autre, Betty Autier ose raconter dans son livre son rapport tumultueux avec l'alimentation. Parce qu'à force de lire des commentaires critiquant son physique, ses quelques kilos soi-disant en trop, Betty a donné raison à ces personnes qui la harcelaient. "Elles ont réussi à me faire sentir grosse...", écrit-elle.
Et là, c'est le début d'un cycle infernal. "J'ai perdu plus de 12 kilos en quelques semaines. C'était en décembre 2012. J'étais devenue fantastiquement mince, maigre même, mais mon visage, lui, était triste." Une fille triste et "affamée", affirme-t-elle.
Phase boulimique, anorexique, Betty teste le jeûne, le régime Dukan, des médicaments achetés aux États-Unis et interdits en France... La blogueuse s'en est sortie aujourd'hui et l'assure à ses lecteurs : "Tout ça ne marche pas, ça détruira votre corps, et surtout votre cerveau !" Compris ?
Betty, de Betty Autier, éditions Flammarion.
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