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Luis Suarez : un talent insupportable
PORTRAIT - Très lourdement sanctionné par la Fifa après avoir mordu Giorgio Chiellini, Luis Suarez alimente encore un peu plus sa réputation de génie souvent pris de coups de folie.
Luis Suarez sous les couleurs de l'Uruguay lors du Mondial 2014 au Brésil
Crédit : AFP
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"Il n'y a pas de génie sans un grain de folie", disait Aristote dans son ouvrage intitulé Poétique. Des centaines d'années après, Luis Suarez fait partie de ceux qui lui donnent raison.
Souvent loin de l'ingéniosité et du lyrisme dont faisait preuve le philosophe grec, le football est un terrain de jeu qui se prête volontiers à l'étude comportementale des hommes. Le buteur uruguayen, lui, aurait sans aucun doute fait un formidable cobaye.
Luis Suarez, le génie sorti des rues de Montevideo
Si le nom de Luis Suarez résonne à l'international, c'est d'abord parce que ses qualités sur un terrain de football dépassent de loin la moyenne. Né à Salto, c'est dans la capitale uruguayenne qu'il fera parler de lui pour la première fois. Repéré dans la rue comme beaucoup de joueurs sud-américains, il intègre l'équipe jeune du Nacional et commence à entretenir une réputation qui ne le quittera jamais plus.
Adolescent turbulent à l'image du quartier où il grandit, Luis Suarez est un jour surpris à boire de l'alcool par son entraîneur qui commence à lui apprendre la discipline nécessaire pour devenir professionnel. Il n'a alors que 14 ans. Quatre ans plus tard, il est recruté par le FC Gronigen, un club néerlandais où il s'établira pendant une saison avant de connaître quatre années extraordinaires à l'Ajax Amsterdam.
Premier (ac)croc européen
Luis Suarez aura laissé deux traces lors de ses années néerlandaises. L'une qui aura fini par disparaître sur le cou de l'ancien international marocain du PSV Eindhoven Otman Bakkal, et l'autre, indélébile, dans la mémoire de tous les supporters de l'Ajax.
Marco van Basten, son entraîneur de l'époque, gardera également un vif souvenir de celui que le quotidien De Telegraaf surnomme pour la première fois "Le Cannibale". Malgré sa première morsure médiatisée, la bagarre provoquée avec un de ses coéquipiers à la mi-temps d'un match et les diverses suspensions infligées par le club ou la Fédération, les supporters de l'Ajax en redemandent, et pour cause...
Luis Suarez, envolé pour Liverpool après des apparitions plus que remarquées en Ligue des champions, sera éternellement reconnu à Amsterdam pour ses buts en pagaille et son style, technique et généreux. En seulement quatre saisons, l'Uruguayen sera rentré au panthéon d'un club mythique du Vieux-Contient qui le compte parmi ses joueurs à avoir inscrit plus de 100 buts, et comme le deuxième étranger le plus prolifique de son histoire.
La Coupe du monde, les affaires Evra et Ivanovic
Deuxième meilleur buteur uruguayen de la Coupe du monde 2010 derrière son capitaine Diego Forlan, Luis Suarez fera plus parler de lui pour son arrêt décisif que pour ses trois premières réalisations en phase finale. En quart de finale face au Ghana, le "Pistolero" n'hésite pas à se jeter sur sa ligne, mains en avant, la détermination absolue comme leitmotiv indéboulonnable.
À ses qualités techniques, physiques et mentales, se sont toujours ajoutés des défauts incontournables qui l'ont autant construit que ses exploits. Avec la victoire finale pour seul objectif, Luis Suarez, le compétiteur, n'a jamais reculé devant une insulte pour déstabiliser son adversaire. En 2012, alors qu'il livre bataille face à Patrice Evra, Suarez glisse à sept reprises le mot "négro" à l'oreille du Français et écope d'une suspension de huit matches fermes en Premier League.
Un an après "l'affaire Evra", l'attaquant de Liverpool mord inexplicablement le bras du joueur de Chelsea Branislav Ivanovic. Un incident à la suite duquel il se verra infliger une suspension de douze matches par la fédération anglaise.
Jamais deux sans trois
Quelques mois après avoir mordu, "Le Cannibale" remet le couvert avec Giorgio Chiellini, dans un accès de rage que personne ne peut expliquer autrement que par la folie dont les génies font parfois preuve. Car en dehors de ses frasques intolérables, le "Pistolero" est un footballeur hors-pair, capable des gestes les plus fous et les plus improbables devant le but.
Avec la manière bestiale qu'il a d'évoluer et l'expression brutale de ses sentiments sur les terrains de football, Luis Suarez rappelle que dans tous les domaines, l'homme reste avant tout un "animal social". Décidément, il aurait plu à Aristote.
