Coupe du monde 2014 : comment les joueurs s'adaptent au Ramadan
DÉCRYPTAGE - Les footballeurs musulmans présents au Brésil pour la Coupe du monde devront gérer le problème du jeûne lié au Ramadan.
Les choses sérieuses débuteront dès samedi avec les premiers huitièmes de finale de la Coupe du monde, et les premiers matches à élimination directe. Mais pour plusieurs équipes engagées, une nouvelle donne viendra compliquer la préparation des athlètes. Dimanche débutera le mois du ramadan, sacré pour les Musulmans.
Obligés de jeûner, les athlètes pratiquants seront sous une surveillance particulière de la part des staffs médicaux, qui disposent aujourd'hui d'un certain recul pour gérer au mieux la préparation des joueurs qui décident de maintenir leur jeûne, malgré la possibilité de ne pas le faire.
Les joueurs ont le choix
Car il faut bien savoir que les Musulmans ont droit à des circonstances atténuantes, des exceptions qui permettent de reporter les jours de Ramadan. Les personnes malades, les femmes enceintes ainsi que "les voyageurs" disposent du droit de ne pas mettre leur santé en danger et de se rattraper ultérieurement.
Les joueurs de football seront dans ce cas considérés comme "voyageurs". Par exemple, Bacary Sagna, le défenseur de l'équipe de France, a indiqué "qu’il y a certaines lois entre guillemets qui permettent de l’éviter", il a donc choisi de ne pas jeûner au Brésil et de reporter la pratique après le Mondial.
Pour Didier Deschamps, il n'y a "rien à ordonner". "Je respecte la religion de tout le monde", a indiqué le sélectionneur. Habitués à gérer la situation, les joueurs de football ont pris leurs habitude pour ne pas subir de contrecoups physiques.
L'Algérie avec le Dr Chalabi
"Le plus dur, c'est l'hydratation. Mais ça va, le climat est bon. Certains joueurs peuvent reporter leurs jours. À titre personnel, je vais voir en fonction de mon état physique mais je pense le faire", explique Madjid Bougherra, le capitaine de l'Algérie.
Les Fennecs, sans doute la sélection la plus concernée lors des huitièmes de finale, a d'ailleurs anticipé la situation en faisant appel au Dr Hakim Chalabi, ex-médecin du PSG et devenu, grâce à ses travaux réalisés à la clinique Aspetar de Doha au Qatar, l'un des référents de la Fifa sur le sujet.
"C'est une période où le risque de blessures augmente, notamment au niveau des lombaires, des articulations et des muscles", indique le médecin.
Les staffs médicaux s'adaptent
Pour éviter les problèmes, Hakim Chalabi adapte l'alimentation et le sommeil. "Le niveau de nutrition doit changer. Il faut aussi modifier la qualité des aliments, afin de s'adapter à l'exercice. Les joueurs doivent mieux s'hydrater", détaille le docteur. "Nous leur conseillons en outre d'allonger la durée de leur sieste pendant l'après-midi, afin de récupérer une partie de leur temps de sommeil". Des conseils qui seront appliqués pour que le Ramadan n'ait pas d'impact sur le rendement des joueurs.
Au Brésil, les Musulmans désireux de respecter le calendrier officiel du Ramadan ont un allié: le soleil qui se couche autour de 17h30 lançant la rupture du jeûne. Ce qui veut dire que les algériens pourront s'hydrater à la 30e minute de jeu de leur match face à l'Allemagne, à contrario Mesut Özil a lui décidé de ne pas jeûner pendant la compétition.
Plus performants pendant le Ramadan ?
Dans tous les cas, il semble bien que l'abstinence alimentaire galvanise un certain nombre de joueurs, comme le confirme Madjid Bougherra : "il faut montrer aux entraîneurs qui ne sont pas d'accord (avec le jeûne) qu'on est là à 200%. On était trois ou quatre musulmans à l'entraînement mais on était toujours les premiers en tests physiques".
Un constat confirmé par le Dr Chalabi : "il y a des sportifs qui ont de meilleurs résultats pendant le Ramadan parce que le jeûne est désiré. Cela peut même devenir une aide spirituelle et psychologique".
