"Kiss & Cry" : l'éveil adolescent loin des clichés
BECHDEL TEST - L'histoire de Sarah, 15 ans, patineuse de haut niveau qui se laisse gagner par ses désirs adolescents. En salles ce mercredi 20 septembre.
Cru, doux, sensible, énervé, passionné... Kiss & Cry est un premier film comme l'adolescence. Il raconte l'histoire de Sarah, 15 ans, jeune fille interprétée par la prometteuse Sarah Bramms qui revient après une année de vie parisienne dans sa ville en régions.
C'est à Colmar qu'elle retrouve alors ses cours de patin à glace, un sport que sa mère (Dinara Droukarova) souhaitait la voir pratiquer à haut niveau. Mais que désire vraiment Sarah de son côté, si ce n'est vivre sa vie de jeune fille comme elle l'entend ?
Dans ce premier long-métrage présenté en mai dernier lors du Festival de Cannes et en salles ce mercredi 20 septembre, les deux réalisatrices Lila Pinell et Chloé Mahieu filment le corps adolescent sans le fantasme que l'on connaît aux films hollywoodien. Elles dépeignent une chronique intelligente et drôle sur l'art de couper le cordon et de s'envoler vers la vie d'adulte.
Exclusivement féminin, Kiss & Cry était le candidat idéal pour démontrer la valeur du Bechdel Test (1).
Reçu ou recalé ?
Kiss & Cry met en scène (au moins) deux personnages féminins identifiables : oui et non. Sarah est entourée de femmes. Des adultes (sa mère et sa grande sœur), des copines, leurs mères, des rivales, fillettes avec qui elle s'entraînent. Si toutes n'ont pas un nom, elles restent tout du moins ancrées dans le quotidien de Sarah et sont donc, tout à fait identifiables.
Elles parlent ensemble : Sarah ne cesse d'échanger avec tous ces personnages féminins. Elle se moque des autres, se confie à sa sœur, dispute avec sa mère ou encore conseille les plus petites du cours.
Leur sujet de conversation ne concerne pas un homme : on ne parle justement pas des garçons dans Kiss & Cry. Pas le temps. Il y a tant à faire entre l'école, les entraînements, les compétitions... on ne va pas non plus flirter avec eux... C'est ce que croient les parents mais dans les faits, entre elles, c'est vrai, ces filles parlent des garçons. Et c'est tant mieux, non ?
Total : 3/3
Verdict
C'est un sans faute pour Kiss & Cry qui arrive à parler de l'éveil adolescent sans tomber dans les clichés du teen movie. Peut-être est-ce dû à l'univers particulièrement violent dans lequel évolue Sarah, jeune héroïne rebelle mais terriblement consciente de ce qui est en train de lui arriver.
"Maintenant, j’ai peur de mon corps, de ce qui peut lui arriver", explique-t-elle comme pour annoncer ce qu'elle s’apprête à entreprendre : dépasser cette peur, quelques interdits, apprivoiser ce qu'elle est en train de devenir : une jeune femme émancipée.
(1) Le Bechdel test est un outil permettant de démontrer, en seulement trois questions, à quel point certaines œuvres culturelles s'intéressent uniquement aux personnages masculins et manquent cruellement de leurs homologues féminins. Le Test se décline sur trois niveaux de questions. Une œuvre est reçue si, pour chacune de ces questions, la réponse est "oui". Facile ?
