Apple contre le FBI : chronologie d'un bras de fer sans précédent

Après six semaines de bataille, le bras de fer juridique entre Apple et le FBI s'est achevé dans la nuit du 28 au 29 mars. Le FBI a annoncé avoir réussi à débloquer l'iPhone de Syed Farook, un des auteurs de la fusillade de San Bernardino, sans avoir eu besoin de l'assistance d'Apple. L'injonction judiciaire du 16 février exigeant que le groupe informatique aide les enquêteurs à contourner le système de chiffrement du téléphone du terroriste est du même coup annulée.

Cette annonce sonne le glas du volet judiciaire de l'affaire. Mais elle laisse en suspens les questions éthiques et techniques soulevées par cet affrontement inédit entre la première capitalisation boursière de la planète et les autorités américaines. Ce conflit s'inscrit en effet dans un débat vieux de plusieurs mois entre les groupes technologiques et le gouvernement américain sur les systèmes de sécurité des outils de communication. 

Échaudés par les révélations d'Edward Snowden sur la surveillance massive pratiquée par la NSA, les entreprises du numérique refusent d'affaiblir la sécurité de leurs appareils et se retranchent derrière les libertés publiques pour ne pas perdre la confiance des consommateurs. Incapables de faire parler des téléphones cryptés, les autorités demandent l'affaiblissement de ces logiciels au nom de la sécurité intérieure.

L'annonce du FBI prive Apple d'un précieux précédent en faveur de la sécurité de la vie privée des utilisateurs. Mais en envoyant au monde le signal de la vulnérabilité de l'iPhone, le département de la Justice américain pourrait ouvrir un nouveau chapitre dans les relations entre le gouvernement et les géants du web, et pousser ces derniers à la surenchère sécuritaire. Retour sur un bras de fer juridique, politique et technique inédit.