En langage-de-presse, on appelle ça un marronnier, c'est à dire un sujet journalistique évoqué chaque année à la même date, car lié à un événement revenant lui aussi de façon aussi régulière que la déclaration d'impôts ou le rhume des foins des allergiques. En décembre, les marronniers sont ainsi, au choix : les cadeaux (à faire ou à éviter), les Norman ou les épicéas à choisir pour que ça sente le sapin pour le bon motif, sans oublier la dinde à se farcir et le concours Miss France... Sans qu' il y ait, évidemment, un quelconque rapport entre les deux.
Bref, à événement récurrent, article sachant "récurer". Sauf que j'ai justement constaté ce weekend un "contre-exemple" sidérant. Rien de "médiatique" a priori, même si on peut espérer que l'anecdote attirera l'attention d'un journal télévisé (66 Minutes, 19/20 de France 3, 20 heures de TF1 ou de France 2, 13 heures de Jean-Pierre Pernaut). De quoi s'agit-il ? D'un non-sens. La scène se déroule samedi dernier, à la sortie de Dax. Plus précisément dans une jolie pâtisserie où je veux acheter des viennoiseries (sans chinoiseries) et des "chocolats-maison". Au moment de régler, j'entends le client suivant déclarer bruyamment "Ah, ça va être ma première galette des rois". Prévoyant, le monsieur ! C'est fort, de réserver sa frangipane et ses couronnes un 6 décembre alors que la date officielle de célébration "avec mise sur le marché" c'est le 6 janvier. Oui, quelle organisation, même si ces galettes sont de plus en plus souvent proposées à la vente dès la mi-décembre.
Or pas du tout. En regardant mieux, je constate que l'établissement, qui a quignon sur rue vend effectivement déjà des galettes des rois, "avec-fève-et-autres options", alors que le pâtissier de la boutique ne "bûche" même pas encore sur la spécialité de Noël du même nom. Si c'est pas mettre la charrue avant les bœufs et l'âne de la crèche, ça. "Mais vous en vendez déjà ?," dis-je sidérée à la vendeuse vaguement gênée. "Heu, oui, parce que les gens m'en réclament".
Et là, pour conserver un langage "de boulange", j'en suis restée "comme deux ronds de flan". Ou "baba", si vous préférez. Car si personne ne semble plus guère s'intéresser à l'histoire en France, surtout celle de nos religions, il n'en demeure pas moins que la "couronne des rois" symbolise toujours le périple des rois mages pour aller voir le nouveau-né de Marie et du charpentier Joseph, doux jésus ! Il faut donc bien pour ça que jésus soit né, et donc attendre au moins le 25 décembre... Histoire que "ça mérite le détour" !
Que vaut une tradition sans la tradition ? Admettons maintenant, pour être aimable, que ce soit dépassé de respecter une chronologie qui, dépassée, ne l'est apparemment pas moins. Reste tout de même un problème psychologico-philosophique important. Ce que cette attitude "de tout demander avant l'heure" indique en effet surtout, c'est le refus de "l'attente". De toute patience. De toute contrainte. Et cette exigence du tout-tout-de-suite-comme-je-veux-quand-je-veux, est pour moi regrettable, voire dangereux. C'est dommage, c'est surtout dommageable. Tant qu'à faire, pourquoi ne pas mettre carrément des œufs de Pâques dans le sapin ? Vous imaginez le temps gagné ? Si j'osais conclure par une mauvaise boutade, je dirais que si on se goinfre dorénavant de galettes toute l'année, c'est surtout dans la bouche qu'on les aura, les couronnes.
Bienvenue sur RTL
Ne manquez rien de l'actualité en activant les notifications sur votre navigateur
Cliquez sur “Autoriser” pour poursuivre votre navigation en recevant des notifications. Vous recevrez ponctuellement sous forme de notifciation des actualités RTL. Pour vous désabonner, modifier vos préférences, rendez-vous à tout moment dans le centre de notification de votre équipement.
Bienvenue sur RTL
Rejoignez la communauté RTL, RTL2 et Fun Radio pour profiter du meilleur de la radio
Je crée mon compte