Isabelle Morini-Bosc : "Gulli effectue un excellent travail patrimonial"

Petit à petit la ronde s'agrandit. Dans l'indifférence médiatique générale certes mais certains phénomènes peu remarqués n'en demeurent pas moins remarquables. On veut parler de l'excellent travail patrimonial effectué par Gulli qui oeuvre au rapprochement des petits et des grands (parents). Ces deux générations sont parfois rassemblées devant le poste pour regarder des programmes (déjà) jugés vieillots il y a 20, 30, 40 ans, et que la chaîne diffuse crânement sans s'occuper du qu'en dira-t-on-télévisuel.

Qu'offrait-elle hier? Le Jour de fête de Jacques Tati, un classique de 1947 vu par 310.000 curieux. Et avec quel film a-t-elle séduit fin décembre? L'assassinat du Père Noël,1941. Si le succès de Rintintin, feuilleton de 1957, se comprend (l'amitié entre un petit garçon poupin et un chien plus futé que Einstein, ça plait), on s'étonne davantage de celui des cycles Pagnol, Fernandel et Bourvil qui ont tous "sur-performé", comme on dit, par rapport aux scores de leurs cases respectives.

"La Grosse caisse" avec Bourvil, la meilleure audience de "Gulli"

C'est d'ailleurs une comédie avec Bourvil (La Grosse Caisse, suivie par quelques 520.000 téléspectateurs de tous âges) qui obtient la meilleure audience de la saison. Devant le poste, des jeunots isolés, des seniors nostalgiques, mais aussi des grands-parents regardant avec leur "descendance".

Souvenez-vous de Un gars une fille ? Isabelle Camus avait conçu cette série pour séduire les trentenaires installés qui ont d'abord rejeté ces historiettes leur rappelant la "difficulté du vivre à deux". Ceux qui avaient immédiatement adhéré et adoré, c'étaient les minots pas encore concernés, et les "anciens" qui ne l'étaient plus.

Mais j'y songe : et si on adressait à Gulli une liste de tout ce qui est considéré comme impassable, et qu'on aimerait pourtant voir repasser, surtout "si on n'a pas connu". Allez, au hasard, Lassie, Ivanhoe, Daktari, Bonanza, etc... Chiche!