Ils ont eu peur... Peur de rater le match, peur de ne pas voir les Bleus, alors ils n'y sont pas allés. Ils n'ont pas signé la motion de censure. Voilà l'explication inavouable qui circulait, hier, dans les couloirs de l'Assemblée nationale pour expliquer le fait que cette fois, la Droite n'avait pas déposé de motion contre le gouvernement après le recours au 49-3 sur le projet de loi Travail.
Si une motion avait été déposée, le début aurait eu lieu ce soir, pendant France-Allemagne. "Avec le risque de voir nos rangs totalement dégarnis, on n'aurait pas eu l'air bête, on se serait fait massacrer", avoue même le député Les Républicains Benoît Apparu dans les colonnes du Parisien-Aujourd'hui en France, ce matin. Voilà un match que les Bleus n'imaginaient donc pas gagné, le match de la motion.
Pour l'émotion on attendra demain. Car au matin de ce France-Allemagne, la presse retient surtout son souffle. "Le grand soir", pour le Parisien. "Jour de gloire", en une de l'Équipe. Et en une du supplément sport de la Provence : "Le jour d'y croire est arrivé".
"Séville, Guadalaraja, Maracana, nos nuits les plus longues et nos tristesses ont un nom, et nos souvenirs un bourreau", écrit Vincent Duluc dans l'Équipe. "Sous quelque bannière qu'elle se présente, fédérale ou unifiée, l'Allemagne a souvent accompagné le destin de l'équipe de France, et c'était toujours pour la laisser sur le palier. Voici aujourd'hui s'avancer la nuit marseillaise, dans une chaleur de juillet un peu andalouse, un peu mexicaine, un peu carioca et c'est le moment d'espérer que tout change..."
"L’attente de cette demi-finale est longue", écrit Jérome Latta sur le site des Cahiers du football. "Elle est longue, mais elle est délicieuse : on pressent que l’équipe de France ne pourra franchir cette étape sans une part d’irrationnel, sans quelque chose d’épique. Pour nous payer en émotions. Et aussi pour voir la justice poétique du football accorder une réparation des déceptions passées."
Quel que soit le résultat de ce soir, un homme a réussi cet Euro, c'est Didier Deschamps. Libération entreprend de décrypter "le système DD" car la France en demi-finale, c'est d'abord son succès. Deschamps a réussi à présenter une équipe plus sobre. "Dans le secret de Clairefontaine, il a apaisé la geste tricolore", écrit Grégory Schneider. "Pas un mot plus haut que l'autre de la part des deux benjamins Coman et Martial. Il a mis des tours de clé avec l'aide d'Evra... que l'on a vu un soir de match remonter dans le bus pour dire aux joueurs d'enlever leurs casques audio avant de descendre." Au stade de France, dimanche dernier, un agent de sécurité était lui chargé de récupérer les pochettes Vuitton des joueurs à leur descente du bus avant de passer devant les caméras. Deschamps a aussi serré la vis concernant les visites des coiffeurs attitrés de certains joueurs à Clairefontaine. Pogba faisait venir son coiffeur Ozoir-la-Ferrière !
Il y a le "système DD" et il y a la méthode Coué. La presse cherche toutes les raisons de croire à un succès des Bleus, ce soir. "Et à la fin les Bleus seront en finale", explique 20 minutes qui liste quelques raisons d'y croire :
"- Parce qu'en face, la moitié des mecs sont blessés.
-Parce que les bleus veulent réécrire l'histoire."
Et on adore les deux autres :
" - Parce qu'on est chez nous bordel.
- Parce que sinon on va faire quoi d'ici dimanche ? Regarder Wimbledon? sans nous... Suivre le Tour de France ? C'est pas encore les Âlpes... Mater la F1 ? Plutôt crever."
Non, il n'y a rien de mieux qu'une finale avec les Bleus, dimanche.
Le Parisien-Aujourd'hui en France, lui, compte les points entre la France et l'Allemagne sur d'autres terrains que le foot : le foie gras meilleur que la choucroute, François Truffaut plus fort que Wim Wenders, la France devant l'Allemagne pour la fécondité et le tourisme également, mais aussi la mode, Chanel contre Birkenstock, même si celui qui dessine pour Chanel, c'est Karl Lagerfeld. Un partout. En revanche, l'Allemagne remporte le match sur le terrain automobile, avec la fameuse "deutsch qualitat". Et sur le terrain de la science, ils ont Einstein, on a Marie Curie, mais ils ont 74 prix Nobel contre 33 pour nous. Manque peut-être dans cette comparaison la littérature : Molière contre Goethe.
Les journaux allemands ont fait leur choix, ils écrivent tous en français ce matin. Alors qu'on n'a pas trouvé un mot d'allemand dans la presse française... "Adieu Franckreich" titre déjà le Tage Zeitung. "Pourquoi l'Euro va continuer sans le pays organisateur", titre le Haben Zeitung de Munich avec un portrait de Louis XIV dont le visage est en fait celui de Joachim Lowe, le sélectionneur allemand. "Chers Français, choisissez-vous un titre", écrit Bild qui a travaillé très dur sur les jeux de mots : "Rien ne va Bleu" ou "La vie en Raus". En allemand, "Raus", ça veut dire dehors.
Au jeu de l'arrogance, c'est bien l'Allemagne qui l'emporte ce matin, jusque dans ses voitures, puisque Volkswagen a le toupet de publier une page de pub avec un bretzel coupé en deux... "Désolé l'Allemagne, mais, ce soir, on soutient les Bleus", écrit le constructeur allemand qui aurait pu l'écrire dans la langue de Goethe. "Entshuldigung !" on s'excusera demain. "Alles zu seiner Zeit", chaque chose en son temps...
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