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Santé, psychologie, finances... Les étudiants infirmiers tirent la sonnette d'alarme

ÉCLAIRAGE - Une étude menée auprès des étudiants en soins infirmiers met en avant une situation particulièrement préoccupante avec des problématiques financières, sanitaires et psychiques.

Des infirmiers dans un hôpital (illustration)
Crédit : PHILIPPE HUGUEN / AFP
Claire Gaveau
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"Il est temps d'agir", "Il faut panser et repenser notre formation", "Le bien-être du patient est prôné, le nôtre oublié"... Tels sont les propos tenus par les infirmiers en devenir. La Fédération nationale des étudiants en soins infirmiers (FNESI) alerte sur la situation de ces élèves dans le domaine de la santé.

Dans une étude publiée ce lundi 18 septembre, l'organisation pointe du doigt les risques "psychosociaux inhérents à la formation en soins infirmiers" après un sondage réalisé au près de 14.000 étudiants. 

Précarité financière, santé fragilisée, mal-être psychologique... La FNESI évoque une véritable "maltraitance" des étudiants infirmiers alors que la situation ne cesse de se dégrader année après année. "Le système de santé se dégrade, le système est à bout avec moins de moyens financiers, un manque de personnel. Cela entraîne de mauvaises conditions de travail pour le personnel et donc une mauvaise prise en charge des étudiants", explique Antoine Jourdan, vice-président de l'organisation, contacté par RTL.fr.

Une santé en danger

Après une première vague des manifestations en octobre 2016, le constat est toujours le même un an plus tard. Sur les 14.000 étudiants interrogés, plus d'un sur deux estiment que leur santé physique s'est dégradée depuis leur entrée en formation et 75,4% se disent épuisés physiquement.

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Et la situation est de plus en plus alarmante alors que les résultats obtenus sont en forte hausse par rapport à une précédent enquête menée par la FNESI en 2011. Notamment au niveau psychique. Si une grande majorité des étudiants se disent stressés, un quart se déclarent en mauvaise santé psychologique.

Si j'avais su que cette formation m'enverrait 3 semaines en psychiatrie

Témoignage anonyme

Mais cela ne s'arrête pas là. 33,9% affirment ainsi avoir souffert de crises d'angoisses au cours de leur formation, 19% sont sujets à des dépressions et 7,4% ont déjà eu des pensées suicidaires. Des données chiffrés aux conséquences réelles alors que certains étudiants ont dû être hospitalisés : "Si j'avais su que cette formation m'enverrait trois semaines en psychiatrie alors j'aurais fait marche arrière le jour du concours".

Face à l'ensemble de ces chiffres, l'organisation entend bien "proposer des actions concrètes" pour amener des changements profonds. C'est pourquoi les étudiants en soins infirmiers appellent à la création d'un observatoire du bien-être des étudiants en santé, sur un modèle similaire à celui de l'Observatoire de la vie étudiante. "On demande qu'une campagne soit mise en place car il y a énormément de données qui ne sont pas prises en compte et qui pourraient l'être si un tel observatoire existait", glisse Antoine Jourdan.

  • L'état de santé physique et psychologique des étudiants infirmiers
    Crédits : Capture d'écran / FNESI
  • Les étudiants infirmiers sont très régulièrement stressés lors de leur formation
    Crédits : Capture d'écran / FNESI
  • 81,5% des étudiants infirmiers ont déjà pensé arrêté leur formation
    Crédits : Capture d'écran / FNESI

Discrimination et maltraitance

Mais la Fédération nationale des étudiants en soins infirmiers évoque aussi des faits de discriminations et de harcèlements. 36,5% des élèves affirment avoir subi des discriminations que ce soit au niveau de l'âge, des opinions, de l’apparence physique, du sexe ou encore des origines. 

Quatre étudiants sur dix affirment également avoir été victimes de harcèlement durant leur formation, que ce soit de la part d'un soignant, d'un formateur ou d'un directeur. "Cette formation n'est pas à la hauteur de toutes les valeurs que l'institut essaye de nous inculquer au cours des trois années d'étude. Elle est loin d'être bienveillante et humaniste", témoigne un étudiant.

Dans cette situation, bon nombre de ces futurs infirmiers envisagent de mettre fin à leur cursus. Si 64,2% des étudiants ont déjà pensé à mettre fin à leur formation en première année, le chiffre grimpe à 81,5% en troisième année. "Un étudiant préoccupé par des écueils financiers ne pourra être pleinement concentré sur sa formation. Un étudiant subissant un stress physique et/ou psychologique ne sera pas apte à être entièrement focalisé sur ses cours et stages. Un étudiant harcelé peut ne plus être en mesure de se projeter en tant que futur professionnel", écrit la FNESI dans son communiqué.

Une précarité financière

Et à l'image de nombreux étudiants sur le plan national, les étudiants infirmiers n'échappent pas à la précarité tout au long de leur cursus. 48% des étudiants déclarent avoir une mauvaise santé financière.

C'est fréquent d'entendre un étudiant dire qu'il n'aurait pas fait la formation s'il avait su

Antoine Jourdan à RTL.fr

Face à cette problématique économique, l'organisation étudiante réclame l'intégration de cette formation au sein du cursus universitaire ou encore l'accès aux services du CROUS ce qui serait "une solution à de nombreux problèmes". Cela leur permettrait notamment de profiter des restaurants universitaires, des logements universitaires et ainsi diminuer de manière notable les frais engagés tout au long de leur formation.

Et malgré ces études particulièrement compliquées, le nombre d'étudiants infirmiers demeure stable année après année. Il n'y a pas de chute du nombre d'inscrits, on continue d'avoir 90.000 étudiants chaque année mais ce qui change, c'est véritablement les discours. Il est désormais fréquent d'entendre un étudiant dire qu'il n'aurait pas fait la formation s'il avait su", déplore Antoine Jourdan à RTL.fr

Un cri d'alarme encore sans réponse

Face à cette réalité, la FNESI n'a pas manqué d'interpeller les membres du gouvernement sur les réseaux sociaux proposant notamment une rencontre afin de "revoir la formation". 

Et 24 heures après la grande opération de communication, l'organisation étudiante n'est "pas satisfaite des réponses obtenues". "Il y a en a eu très peu. On nous dit à chaque fois que les processus se mettent en place mais le problème, c'est que ça fait des années qu'on nous promet l'intégration universitaire, qu'on nous promet le CROUS", explique le vice-président.

Aucun calendrier n'est revendiqué dans les rangs étudiants alors que les responsables attendent simplement des avancées abouties et pérennes. "On espère grandement être entendu", conclut-t-il. 

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