Renault : Alpine, ou la renaissance d'un mythe automobile français

Jamais la sortie d'une nouvelle voiture n'aura suscité un tel engouement (voir image plus bas) ce mardi 16 février sur le port de Monaco. Au programme : 200 invités et le PDG de Renault, Carlos Ghosn, en maître de cérémonie. Quatre-vingt-dix Alpine d'époque ont été invitées à cette renaissance. Leurs pilotes ont été privés de téléphones portables pour éviter les fuites et les photos. Il s'agissait de garder jusqu'à la dernière minute le secret sur ce nouveau modèle, dont on ignore son nom de baptême. On savait juste que sa face avant avait un air de famille avec la fameuse "berlinette" des années 70. Championne d'Europe, championne du monde des rallyes, victoire en 1978 aux 24 Heures du Mans : les plus belles pages du sport auto français.

À l'époque, rien ne lui résiste. Invincible. Si l'Alpine a autant marqué notre histoire, c'est parce que c'est un roman français. Celui d'un petit constructeur de Dieppe, Jean Rédélé, qui a grandi dans le garage familial. En 1955, en hommage aux cols les plus difficiles, il crée la Société des Automobiles Alpine. Face aux usines italiennes, allemandes ou anglaises, l'atelier de Dieppe est un village gaulois. Rédélé, c'est Astérix.

Bernard Ollivier est dans cette marmite de potion magique depuis quarante ans. Il préside les Automobiles Alpine, filiale de Renault depuis les années 70. "Alpine, c'est le petit qui a battu tous les grands. C'est quelques personnes hyper-motivées, très compétentes et très créatives. Cela a été l'esprit malin, très français", explique-t-il. "Alpine n'a jamais eu beaucoup d'argent. Malgré cela, par le génie dans la course, Alpine a tout gagné, et tout gagné contre les grands", insiste-t-il.

Alpine, c'est le petit qui a battu tous les grands

Bernard Ollivier, directeur de la Société des Automobiles Alpine

La nouvelle Alpine est évidemment moins artisanale. Sera-t-elle aussi sportive ? Vous en verrez deux engagées les 18 et 19 juin aux 24 Heures du Mans. Pas de programme rallye prévu. Mais à Dieppe, on espère que la nouvelle voiture sera de plus en plus présente sur les circuits et attirera les pilotes de talent. Comme en son temps le génial rallyeman Jean-Claude Andruet. "Je suis entré chez Alpine alors que j'avais des propositions financières d'un autre monde ailleurs. Moi j'avais envie de courir avec une voiture qui me plaisait. Avant de courir, quand je voyais une Alpine, je m'arrêtais et j'allais la caresser. C'était fantastique", se remémore-t-il.

Alpine peut-elle réellement renaître ? Il y vraiment a une incroyable attente. Certains doutent. Mais même le général de Gaulle, lors du salon de l'Auto 1968, était sceptique en observant la petite française. Une anecdote rapportée par Bernard Ollivier : "Sur le stand Alpine, il a demandé à Jean Rédélé à quoi servait la course. La réponse a été : 'Cela sert à faire gagner la France, mon général !'"