Primaire de la droite : les cathos ont-ils confisqué la campagne ?

La droite catholique se flatte d'avoir largement contribué au succès inattendu de François Fillon au premier tour de la primaire de la droite face à Alain Juppé. Durant l'entre-deux tours, l'avortement est soudain revenu au coeur du débat. Surréaliste également : on a vu les deux finalistes se revendiquer du pape François. Entorse à la laïcité ou juste retour des choses pour un vieux pays de tradition chrétienne ?

"C'est le produit d'une sorte de contre-révolution culturelle. Cela aurait été très difficile à imaginer dans la bouche de Jacques Chirac ou dans celle des leaders de la droite il y a une quinzaine d'années", remarque l'essayiste, écrivain et réalisateur Raphaël Glucksman, qui reconnaît un "retour à une dimension chrétienne identitaire dans le langage politique".

Un point de vue que ne partage pas le Père Matthieu Rougé. "Jacques Chirac avait laissé capitaliser la guerre sur la lutte pour la défense de l'école libre, Nicolas Sarkozy avait aussi joué une carte catholique avec la laïcité positive", analyse le curé de la paroisse Saint-Ferdinand-des-Ternes, à Paris. Celui qui fut en d'autres temps "l'aumônier" des parlementaires constate qu'il y a "une sorte d'hystérie politico-médiatique" sur le sujet "totalement à côté de la réalité".