La Cour d'assises de Paris a rendu son verdict dans le retentissant procès du meurtre d'Aurélie Fouquet, tuée à l'âge de 26 ans. Au terme de sept semaines d'audience et 13 heures de délibéré, Rédoine Faïd a été condamné dans la nuit du mercredi au jeudi 14 avril à 18 ans de prison ferme pour association de malfaiteurs, transport et détention d'armes et d'explosifs. 22 années de prison avaient été requises contre le braqueur médiatique, qui comparaissait avec huit autres personnes pour le meurtre de la policière municipale, le 20 mai 2010. Olivier Tracoulat, introuvable depuis lors a quant à lui été jugé par défaut.
Les jurés ont condamné deux hommes pour le meurtre de la policière municipale. Daouda Baba a écopé de 20 ans de prison et Olivier Tracoulat de 30 ans. Cinq autres personnes, impliquées dans ce projet d'attaque de fourgon blindé, ont été condamnées à des peines allant d'une année à 15 ans de prison. George Mosheh à lui été acquitté, conformément au réquisitoire.
Les accusés avaient mitraillé une voiture de police municipale qui arrivait à Villiers-sur-Marne (Val-de-Marne), tuant Aurélie Fouquet, et blessant son coéquipier, avant de prendre la fuite. Ni l'enquête, pauvre en preuves matérielles, ni le procès, marqué par la loi du silence, n'auront permis de distribuer exactement les rôles, laissant cette lourde tâche aux jurés. Les accusés ont, à deux exceptions près, nié toute participation au crime.
Christian Saint-Palais, l'avocat de Rédoine Faïd, a fait savoir qu'il allait faire appel de la décision. Il avait plaidé l'acquittement, faute de preuves accablantes contre son client. Pendant le procès, le braqueur a martelé qu'il n'avait "rien à voir" avec cette affaire, assurant qu'il était repenti. Peu sensible à ses "fables", l'avocate générale l'avait placé "au centre" de l'association de malfaiteurs et de la tentative de vol à main armée. Entendant les "reconnu coupable" qui s'accumulaient contre lui, Rédoine Faïd a gesticulé et fait le geste de visser son index sur sa tempe. Ce dernier doit repasser aux assises en 2017, pour la quatrième fois, afin de répondre d'une spectaculaire évasion avec prise d'otages en 2013.
Olivier Tracoulat, grand absent à l'audience, car sans doute mort après avoir été blessé à la tête le 20 mai 2010, était le seul à avoir, avec son sang, signé de manière indiscutable sa participation à la fusillade. Chargé à l'audience par d'autres, il est aussi le plus sévèrement condamné. La cour a estimé que les charges étaient suffisamment accablantes pour condamner Daouda Baba pour meurtre. Le plus jeune accusé, 32 ans, s'est agité à l'énoncé du verdict, lançant "Vous me tuez, là", et manquant de se faire expulser.
Rabia Hideur a été condamné à dix ans pour avoir pris part au projet de braquage. Malek Khider, premier interpellé le soir des faits, avec un fourgon rempli d'armes et d'équipements, a écopé d'une peine de 15 ans. Deux "logisticiens" de l'équipe, Olivier Garnier et Wlliam Mosheh, ont été condamnés à cinq ans. Jean-Claude Bisel, jugé pour avoir veillé Olivier Tracoulat alors qu'il était blessé, a été condamné à un an de prison pour le délit de "recel de malfaiteurs".
Elisabeth Fouquet, mère de la policière morte, a dit, d'une voix étranglée par l'émotion, sa volonté de continuer le "combat". Cette fois contre Fisal Faïd, frère de Redoine, qui aurait été dans le box s'il ne s'était précipitamment enfui en Algérie le 21 mai 2010. Son absence, comme celle d'Olivier Tracoulat, a plané sur tout le procès.
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