Les Écossais vont-ils fuir le Royaume-Uni avant le Brexit ?

Édimbourg veut organiser un référendum pour quitter le Royaume-Uni avant que Londres sorte de l'Union européenne. Est-ce sérieux ?

L'Écosse indépendante, Nicola Sturgeon y croit "avec plus de force que jamais"

Crédit : SIPA

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Quatre mois après le Brexit, un projet de loi va être déposé pour organiser un scrutin pour décider ou non de quitter le Royaume-Uni. La cheffe du gouvernement régional écossais, l'indépendantiste Nicola Sturgeon, va franchir cette semaine le premier pas vers ce référendum. Elle a annoncé sa décision le 13 octobre devant les 3.000 délégués de son parti qui ont explosé de joie. "L'Écosse aura la possibilité de se prononcer à nouveau sur la question de l'indépendance, avant que le Royaume-Uni ne sorte de l'Union européenne, si cela s'avère nécessaire pour préserver nos intérêts", a-t-elle lancé. La première ministère d'Écosse rappelle bruyamment que les Écossais n’ont pas choisi le Brexit : ils ont voté pour le maintien dans l’Union à 62% en juin dernier.

"Londres n’a pas le droit de sortir l’Écosse de l'Union européenne, contre notre volonté", insiste Nicola Sturgeon. D'où l’idée de ce deuxième référendum d’indépendance. En 2014, l’Écosse avait déjà organisé un scrutin historique pour demander l’indépendance, après trois siècles de mariage avec la couronne d’Angleterre. Les Écossais avaient finalement voté "non" au divorce à 55%.

Les Écossais contre un divorce avec Londres

Avec le Brexit, les Écossais pourraient-ils cette fois voter l’indépendance ? Ce n’est pas gagné. Une majorité d’entre eux restent opposés à l’indépendance (47%, contre 38% qui sont prêt à divorcer avec l’Angleterre). La première ministre, qui encore convaincre les Écossais, n’est donc pas si pressée que cela de reposer la question. Elle promet un scrutin "avant 2020".

Madame Sturgeon doit aussi obtenir le feu vert de Londres pour organiser cette consultation. En 2014, c’était le cas. Si le "oui" l’avait emporté il y a deux ans, Londres aurait, le soir même, reconnu l’indépendance de l’Écosse. Si Édimbourg organisait un référendum sans l’accord de Londres, il n’aura aucune valeur et aucune conséquence.

Édimbourg a beaucoup à perdre

L'Angleterre va-t-elle autoriser la tenue de ce référendum en Écosse ? Avant que Londres ne finisse de négocier le Brexit (théoriquement en mars 2019), honnêtement personne ne l’imagine. Theresa May a tellement à faire avec le Brexit qu’elle ne va pas en rajouter. Mais ce qu’on va voir cette semaine, c’est le début d’un bras de fer entre les deux dames de fer. L'Anglaise Theresa May a promis un "Brexit dur". L’Écossaise Nicola Strurgeon le refuse, car l’Écosse aurait trop à perdre à sortir du Marché unique européen.

"Si l’Écosse fait ce chantage au référendum, c’est d’abord pour se faire entendre à Londres", résume le chercheur Vivien Pertusot, responsable de l’Ifri à Bruxelles. Ce référendum relève plutôt aujourd'hui d’une arme pour peser. Car rien ne dit pour l'heure que les pays de l’Union européenne accueilleraient une Écosse indépendante. Surtout pas l’Espagne, qui a peur que la Catalogne fasse la même chose.

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