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"Les artisans en arrivent à mettre fin à leur vie", témoigne un professionnel du bâtiment
REPLAY - Une étude révèle la situation de stress dangereuse dans laquelle se trouvent les artisans du bâtiment. Pour les professionnels, la conjoncture économique y est pour beaucoup.
Des couvreurs à Arques (Illustration)
Crédit : DENIS CHARLET / AFP
Le stress menace la santé des chefs d'entreprises artisanales du BTP (bâtiments et travaux public). 57% d'entre eux y seraient sujets selon une étude de l'Iris-st, la Capeb et la CNAPT (lire l'intégralité de l'enquête). L'isolement, le contexte économique et les responsabilités pèsent sur les artisans. Un phénomène nouveau qui peut aller jusqu'à pousser certains professionnels au suicide.
Des situations de stress devenues "extrêmes"
"L'environnement est devenu stressant, témoigne Patrick Liébus, président de la Capeb. Mon épouse peut m'appeler en permanence, mes clients m'appellent, le négoce m'appelle pour me demander où j'en suis sur le règlement des factures, l'administration m'appelle et me dit de répondre tout de suite... Tout ça, c'est un stress qui n'existait pas avant", affirme-t-il. Ainsi, les trois quarts des artisans se plaignent d'être souvent interrompus dans leur travail.
"Malheureusement, on n'en parle pas", déplore-t-il, parlant de situations extrêmes "dans lesquelles les artisans mettent fin à leur vie, où ont un accident corporel grave parce qu'ils ont une inattention à cause du stress et de la fatigue", poursuit-il. Selon l'étude, 1 artisan sur 5 travaille plus de 60 heures par semaine, la moitié le week-end.
La faute à une conjoncture économique difficile
Patrick Liébus accuse "la situation économique difficile", comme Thierry Gesset-Parment, couvreur et chef d'entreprise à Malakoff (92) depuis 15 ans. "Il y a eu un contexte, au mois de juin, où j'ai travaillé durement. J'ai fait 6 heures-23 heures pendant un mois et quand je suis parti en congé j'ai eu des problèmes de santé au bout d'une semaine", raconte ce dernier. Il a été victime d'une paralysie faciale dont il commence tout juste à se remettre.
"La conjoncture actuelle est difficile. L'année dernière nous avons eu un rythme de travail insuffisant pendant six mois, j'ai dû baisser mon salaire. Avec ce genre de souci, en étant gérant, vous rentrez chez vous et vous ressassez tout ça", témoigne-t-il. En effet, 45 % des artisans affirment avoir du mal à dormir. "On a l'amour du métier, heureusement. C'est ce qui nous fait tenir", conclut Thierry Gesset-Parment.
