Les membres du service de sécurité ont décrit quelqu'un de discret et souriant, qui avait dit bonjour "comme d'habitude" lorsqu'on les a interrogé sur Joseph Scipilliti, l'avocat qui a tiré, ce jeudi 29 octobre, sur le bâtonnier de Melun. Si le pronostic vital de sa victime n'est plus engagé, le tireur a succombé sur le coup après avoir retourné son arme contre lui. Dépressif et endetté, Joseph Scipilliti s'érigeait en pourfendeur de l'injustice, incarnée à ses yeux par sa victime. "Cet homme incarne à lui seul tout ce que je combattais depuis le début de ma carrière", assène l'avocat à propos de Henrique Vannier dans un document diffusé après sa mort.
Dans un journal de 240 pages, envoyé dans la nuit de mercredi à jeudi à plusieurs personnes et publié sur Internet, il semble avoir prémédité son geste. Il y commente, à la suite d'un article de presse évoquant le suicide d'un père de famille acculé par le fisc : "Le suicide seul ne sert à rien. Cet homme n'est pas le premier à le faire, quelques jours plus tard personne ne s'en souvient. Pour susciter une prise de conscience il faut faire un grand bruit."
À 64 ans, l'avocat faisait l'objet de poursuites disciplinaires depuis un an, notamment pour des menaces à l'encontre du bâtonnier Henrique Vannier, sa victime. L'instance disciplinaire du conseil régional de l'ordre avait à ce titre prononcé contre lui en mai 2015 une peine de trois ans d'interdiction d'exercer. Cet homme originaire de Messine avait pris à plusieurs reprise la défense d'associations d'extrême-droite, parfois à titre gracieux.
En 2010, il représente Christine Tasin, la fondatrice de Résistance républicaine, qui avait organisé un apéritif "saucisson-pinard" républicain "contre l'offensive islamiste", ainsi qu'en 2014 un militant du Bloc identitaire jugé pour des tags anti-islam. "Il a été notre premier avocat. Très spontanément, il avait proposé de nous défendre car il se retrouvait dans le combat que nous menions", énonce Pierre Cassen, fondateur de Riposte laïque, qui décrit un homme "profondément révolté par l'injustice", qui "avait le sang chaud".
Il y analyse de nombreux articles de presse, et raconte ses déboires d'avocat et ses frictions avec le Conseil de l'ordre, qui le traite "comme un collégien face à un conseil de discipline dirigé par un proviseur". Les greffières sont "des gourdes" et ses collègues "des gens souvent primaires sur le plan intellectuel".
"Je n'ai jamais pu supporter l'injustice", explique-t-il. Le bâtonnier Henrique Vannier dans son testament décousu avant de désigner énigmatiquement Henrique Vannier comme "le candidat idéal". L'avocat, qui évoque dans son journal des soucis de santé récurrents, dont une "neurasthénie épisodique", avait été placé en liquidation judiciaire en 2007, avant de reprendre une activité. Il était de nouveau dans le collimateur des services fiscaux et organismes sociaux depuis 2010.
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