Droits TV Ligue 1 : "Il était impossible de laisser Canal+ péricliter"

Le feuilleton de la semaine dans le monde de l'audiovisuel a été l'attribution des droits de diffusion de la Ligue 1, que la Ligue de football professionnel (LFP) devait annoncer. Au final, c'est un quasi statut quo entre Canal+ et beIN Sports, les deux protagonistes, qui paieront 748 millions d'euros pour les retransmissions entre 2016 et 2020.

Un record pour la Ligue et le football français, et un soulagement pour Canal, qui aurait pu tout perdre en n'ayant plus le football sur ses écrans. Pour beIN Sports, il s'agit d'une déception peut être, mais sûrement pas d'une défaite.

Canal a fait une bonne affaire

En premier lieu dans cette affaire, il s'agit de savoir si Canal+ est sorti vainqueur de cet appel d'offres. "Incontestablement. Parce qu'il a les meilleurs affiches, et qu'ils payent un prix peu élevé par rapport à ce à quoi on aurait pu s'attendre", analyse Fabienne Schmitt, journaliste au journal Les Echos. En effet, la chaîne cryptée déboursera 550 millions d'euros à elle seule pour les 3 meilleures affiches, deux émissions pour les abonnés Jour de foot et le Canal Football Club, devenu la grande messe dominicale du ballon rond. Face à des rivaux fortunés comme beIN Sports, les spécialistes annoncent que Canal+ s'en sort bien et a eu très peur de perdre les droits de la Ligue 1.

"À la base, ils (dirigeants de la Ligue) s'attendaient à 750 millions minimum", précise-Fabienne Schmitt. Et si la somme est quasiment atteinte, cela ne fait de cet appel d'offre qu'un résultat honorable, loin du triomphe attendu à la LFP. "Ça fait vivre Canal qui a trouvé son modèle économique, qui fait des abonnés et des emplois, et qui aide le cinéma", rappellent les spécialistes. Par ailleurs, beIN Sports sort peu perturbé car il ne perd que le match en direct du vendredi soir. Le multiplexe du samedi soir et les matches du dimanche après-midi restent dans son escarcelle.

Il y avait un enjeu politique

Daniel Psenny, journaliste au "Monde"

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"C'est étonnant que beIN n'ait pas mis un chèque plus important", indique la journaliste des Echos en rappelant que la rentabilité de la chaîne qatarie se situerait autour de 3 millions d'abonnés pour actuellement un peu moins de 2 millions. Des rumeurs annonçaient que de possibles pressions politiques auraient pu intervenir pour empêcher Canal+ de perdre sa tête de gondole."Des pressions politiques, on le saura peut-être un jour, mais il y avait un enjeu politique, il était impossible de laisser la chaîne péricliter. Par le foot, Canal finance le cinéma et la création", analyse Daniel Psenny, du journal Le Monde.

Ainsi, Canal assure son avenir jusqu'en 2020, car la perte de la Ligue 1, même effective seulement en 2016, aurait été un message négatif aux abonnés. L'érosion aurait sans doute débuté plus tôt. "Maintenant, il faut les rentabiliser, les droits du foot", estime Fabienne Schmitt. En effet, l'abonnement étant déjà important (36 euros). Il faudra donc trouver d'autres moyens. Le combat entre les deux chaînes n'est néanmoins pas terminé, car la négociation pour les droits de la Ligue des champions débuteront lundi 7 avril. "beIN Sports a une revanche à prendre", renchérit Fabienne Schmitt.

Actuellement, les droits sont de 111 millions, avec 50 millions pour Canal+ qui dispose de la meilleure affiche et 61 pour la filiale d'AL-Jazeera qui diffuse toutes les autres rencontres. Un duel au sommet qui a fait des victimes, car Orange et Eurosport, qui diffusaient des matchs deLigue 1 ou de Ligue 2, n'ont eu aucun droit de retransmission.