"La révolution numérique provoque une raréfaction du travail qui conduit à ce que se développe un chômage de masse", a martelé Benoît Hamon, lundi 9 janvier, au micro de RTL. Argument phare du candidat à la primaire de la gauche qu'il n'a de cesse d'utiliser pour justifier son intention de baisser le temps de travail et d'instaurer un revenu universel. Il faut, selon lui, anticiper le fait qu'il va falloir "partager le travail" car si le numérique crée des emplois, il en supprimerait, selon lui, tout autant voire davantage.
S'appuyant sur les recommandations d'un économiste passé par le Fonds monétaire international (FMI), Olivier Blanchard, le candidat à la primaire de la gauche insiste sur le fait que l'augmentation de la productivité qui résulte de l'essor du numérique ne se traduit pas forcément par une hausse de la croissance.
La révolution numérique est-elle pour autant responsable d'une partie du chômage de masse ? Si l'essor du numérique détruit effectivement des emplois, il contribue également à en créer de nouveaux. Selon les différents rapports des institutions compétentes sur le sujet, le numérique pourrait très bientôt devenir un vecteur de chômage.
Les travailleurs devront s'adapter aux changements
Économistes de l'OCDE
En mai 2016, un rapport des économistes de l'OCDE a en effet indiqué que 9% des emplois en France, soit 2,44 millions, présentent un "risque élevé de substitution" par des robots. Un constat nuancé par les économistes, qui avancent toutefois que "selon certaines estimations, chaque emploi créé par le secteur de la haute technologie entraîne la création d'environ cinq emplois complémentaires". Néanmoins, l'OCDE ne sous-estime pas l'impact de la révolution numérique et ajoute que près de 30% des travailleurs français devront affronter une modification de la nature de leur emploi. "Ces emplois seront réorganisés en profondeur et les travailleurs devront s'adapter aux changements", expliquent les économistes de l'Organisation.
Dans un rapport publié en janvier 2016, la Banque mondiale s'est penchée sur les conséquences de la révolution numérique en termes d'inégalités et d'emplois. Cette agence de l'ONU, chargée de lutter contre la pauvreté, assure que les technologies numériques provoquent une polarisation du monde du travail avec, d'un côté, les emplois intellectuels et spécialisés, et de l'autre, les emplois non qualifiés.
Selon le Forum Économique mondial (FEM), qui table sur la disparition de plus de 5 millions d'emplois parmi les quinze principales puissances mondiales d'ici à 2020, les secteurs les plus menacés par la révolution numérique sont les emplois administratifs (-4,8 millions d'emplois), l'industrie (-1,6 million d'emplois) et la construction-extraction de matières premières (-497.000 d'emplois). Finance, management, informatique, ingénierie ou encore architecture devraient faire partie des secteurs qui créent le plus de postes, selon le rapport du FEM, qui indique qu'il "reste" désormais "à former les travailleurs et les étudiants pour qu’ils puissent occuper ces emplois de demain".
Les gouvernements devront faire face à un chômage en hausse constante et à des inégalités
Klaus Schwab, président du Forum Économique mondial
Selon le président du Forum Économique mondial, Klaus Schwab, il devient impératif pour les États de préparer leur main-d'oeuvre aux bouleversements entraînés par la révolution numérique. "Sans une action urgente et ciblée dès aujourd'hui pour gérer cette transition à moyen terme et créer une main d'oeuvre avec des compétences pour l'avenir, les gouvernements devront faire face à un chômage en hausse constante et à des inégalités", a-t-il signalé dans une interview aux Échos en janvier 2016. Un effort "colossal", selon Klaus Schwab, qui nécessitera "une très forte coopération entre les États et les entreprises".
Cette vision est visiblement partagée par le Conseil national du numérique en France qui, en janvier 2016, a remis son rapport "Travail emploi numérique : les nouvelles trajectoires" à Myriam El Khomri, la ministre du Travail. L'organisme parle d'une "hybridation" nécessaires des travailleurs. "Elle doit être valorisée, dans la mesure où c’est l'une des meilleures manières de construire un modèle résilient, qui permette à chacun de changer d’activité, de renouveler l'appétence pour son investissement professionnel, de développer de nouvelles compétences et de construire son propre parcours", peut-on lire dans ce rapport.
Mais plutôt que de craindre l'ère du numérique, il s'agit de composer avec les différentes réalités qui émergent au fur et à mesure. Dans une tribune dans Les Échos, Alban Jarry, financier et assureur, spécialiste en stratégies numériques et communication de marques, relève que "l’innovation numérique permet de rapprocher les entreprises des demandeurs d’emplois, de réduire les distances, de trouver une aiguille dans une botte de foin". De même, si le rapport Banque mondiale pointe les effets pervers que l'on peut attribuer à la révolution numérique et notamment concernant les personnes les plus pauvres, il n'en demeure pas moins qu'il reste très optimiste si les États se saisissent de la problématique.
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