Vous avez peut-être visionné les images spectaculaires de "l’attaque de l’Apple Store de Dijon", comme des millions d’internautes. La scène se déroule le vendredi 29 septembre à 13 heures dans la boutique. Un jeune homme tient une boule de pétanque dans sa main gantée. D'un geste mécanique, il brise tous les écrans à sa portée en déclenchant les alarmes. À chaque coup sec, un iPhone, un iPad ou un MacBook est réduit en bouillie. Au total, selon la marque, 111 appareils - dont une trentaine d’iPhone 7 - sont détruits. Montant des dégâts : 57.211 euros.
La scène est filmée par un autre client, qui n’était pas complice (la police l'a établi). Mais l’enragé s’adresse à sa caméra pour justifier son délit : "Apple viole les droits du consommateur !" Le jeune homme invoque le "droit européen du consommateur". Mardi 25 octobre devant le tribunal de Dijon, il expliquera qu'Apple avait refusé de rembourser son iPhone 6 acheté en janvier 2015, devenu défectueux. Il dira que son action n’était pas prémédité. La boule, il l’avait oubliée dans son sac après avoir joué à la pétanque.
Il ne faut pas oublier la dimension politique qu'il peut y avoir à travers cette affaire
Claire Sécail, sociologue au CNRS
Le nom de l'intéressé n’a pas été rendu public. Mais son visage ayant fait le tour du monde, les passants le reconnaissent quand il sort de chez lui. Il a 30 ans. Il est au RSA. Il vit chez sa mère à Dijon. Il n’a pas de casier judiciaire. Mais le procureur avait demandé sa mise en détention refusée par le juge des libertés.
"Le risque, c'est que la peine soit exemplaire pour des faits qui n'auraient eu aucun écho s’ils n’avaient pas été filmés ou s’ils n'avaient avaient pas eu lieu dans une petite boutique de téléphone", explique Anne-Sophie Henriot, l’avocate du forcené.
Ce qui nous sidère dans ces images, c’est la nature des objets qui sont attaqués, souligne Claire Sécail, sociologue au CNRS. "Là on voit la destruction facile et immédiate, presque magique, de ces objets auquel on prête une attention, et nos moyens budgétaire très élevés. C'est un peu le geste de Gainsbourg qui allume son billet sur un plateau de télévision", analyse-t-elle. "Cet homme, sa façon d'agir, l'objet qu'il utilise, ça reste un fait divers. Mais il ne faut pas oublier la dimension politique qu'il peut y avoir à travers cette affaire", poursuit-elle.
"Certes, il n’y a pas de revendication politique, l’individu défend seulement sa propre cause", explique la chercheuse, qui voit dans cette action une forme de rébellion du consommateur d'aujourd'hui. Ce jeune homme, c’est aussi un peu nous tous, même si on est heureusement beaucoup plus calme. Ce jeune homme, c’est un individu qui met sans doute trop d’argent dans un objet dont il est devenu dépendant, et qui se révolte contre sa dépendance. L’affaire de l’Apple Store de Dijon devant le tribunal, c’est toute notre époque.
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