La réforme de la SNCF est sur les rails et pour Olivier Bost, le gouvernement a choisi d’aller volontairement à l’affrontement avec les cheminots.
Pour décoder un homme politique, il faut souvent réécouter les phrases où il explique ce qu’il ne fera pas. Les négations sont bien plus révélatrices que les affirmations. Lundi 26 février, j’ai bien écouté Édouard Philippe. Il a dit qu’il ne cherchait l’affrontement avec personne qu’il ne veut pas le conflit. C’est rigolo, parce que juste avant, il a installé le décor parfait pour une vraie confrontation.
Le Premier ministre a d’abord décrit une situation apocalyptique à la SNCF. Des trains moribonds, un service déplorable, une dette abyssale... Tous les arguments pour annoncer juste après un remède de cheval.
Et comme pour faire hurler les syndicats et l’opposition à gauche, Édouard Philippe a inventé les ordonnances mouvantes. C’est un nouveau concept que je vous résume : si les syndicats et la France insoumise sont d’accord avec le gouvernement, le résultat sera dans la loi, s’ils ne font que s’opposer, ça passera par des ordonnances. Donc sans débat.
Le gouvernement fait ça pour deux raisons. La première, c’est que de l’Elysée à Matignon jusqu’au ministère des Transports, on est persuadé, après avoir étudié plein de sondages, que l’opinion est prête pour cette réforme.
"Inutile de s’en prendre aux cheminots" nous a soufflé un membre du gouvernement : "ils sont déjà déconsidérés par les français". Ils ne rallieront donc pas l’opinion à leur cause comme en 1995. Ces années là, la SNCF a été la goutte d’eau qui a fait déborder le vase, résume un ministre. Mais aujourd’hui, "le vase est vide", selon lui.
Édouard Philippe a résumé cette assurance du gouvernement d’une phrase : il faut "oser la réforme que les français savent nécessaire". C’est surement vrai, mais il ne faut jamais oublier une chose : un sondage est une photo de l’instant. Aucun sondage n’a jamais prédit de crise, d’embrasement, ou de retournement de l’opinion.
Tout ça donne le tournis à toute opposition, la contestation ne sait plus contre quoi se battre tellement il y en a de tous les côtés. Emmanuel Macron s’attend, explique l’un de ses fidèles, tout au plus à deux semaines, peut-être trois semaines de grève. Mais apparemment, ce n’est pas grave. Au contraire même, ce qui motive le chef de l’État, c’est l’idée de ne jamais s’arrêter de réformer.
Il a été élu pour ça, et uniquement pour ça, rappellent sans cesse ses soutiens de la première heure. Un peu d’adversité, un peu de résistance, ça participe aussi à la construction de cette image de Président réformateur, courageux, qui avance en faisant tomber les résistances. Et tout le monde est prévenu : pour nourrir cette ambition, pour construire cette image présidentielle, il risque d’y avoir un peu d’attente sur les quais de gare.
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