La réforme de la SNCF a été définitivement adoptée jeudi 14 juin. Une victoire qui va en faciliter d'autres pour Emmanuel Macron ? Très clairement, oui. Bon, bien sûr, vous ne trouverez personne à l'Élysée ou au gouvernement pour parler d'une victoire. La fausse modestie fait partie de l'ADN de La République En Marche.
En privé quand même, un ministre m'a très bien résumé l'enjeu : "On avait tout à perdre si on reculait. On n'a pas reculé, donc on a gagné". Et le pouvoir a effectivement marqué des points. Il a vraiment gagné la bataille de l'opinion. Les Français - et surtout les clients de la SNCF - sont à une très large majorité pour cette réforme.
Les opposants et les septiques sont nombreux (quatre Français sur dix quand même), mais ils sont restés le même nombre. Ce ne sont pas eux qui ont convaincu. Le gouvernement a démontré qu'en tenant bon, il pouvait y arriver. C'est ça le plus important, symboliquement, pour la suite.
Mais pourtant tout n'est pas réglé. La grève elle-même n'est pas finie. En fait, Emmanuel Macron n'a fait qu'un tiers du chemin. Il reste deux chantiers colossaux pour la SNCF : les retraites des cheminots (c'est l'année prochaine) et la future convention collective du rail. Sur ce sujet, les discussions commencent ce vendredi 15 juin, et vont durer un an et demi.
Ensuite il y aura la vraie ouverture à la concurrence, à partir de 2020. Et là il faudra voir si le service est vraiment meilleur, et si les régions ne commencent pas à fermer des petites lignes avant la prochaine élection présidentielle. Donc même si dans l'esprit de tout le monde la réforme de la SNCF c'est fait, dans les faits, très concrètement, on n'a encore rien vu.
Quid de la bataille de l'opinion ? Là encore, nous ne sommes qu'à mi-chemin. La méthode du gouvernement a très bien fonctionné jusque-là. Un tableau apocalyptique de la situation : "Rien ne marche", "Tout va mal", "On dépense un pognon de dingue". Une forme de discours qui aurait, à une autre époque, été dénoncé comme démagogique, voir populiste. En tout cas, cela a prouvé jusque-là que cela permettait d'avoir une opinion dans de bonnes dispositions.
La vraie question c'est de voir si cette méthode, ce ressort un peu voyant, ne va pas s'user. Si ça fonctionnera encore pour réduire les dépenses de l'État, pour la réforme de la Fonction publique, pour les retraites. Car là, nous sommes dans le dur.
Cela ne concerne plus 140.000 personnes comme à la SNCF, mais plus de 5 millions pour les fonctionnaires, et presque 30 millions de personnes pour les retraites. On passe donc à une autre dimension. Pour les retraites, pointer les privilèges risquent de ne pas suffire. Tout le monde sera concerné, pas seulement les régimes spéciaux.
Ça sera donc très difficile? Non. Tant que les études d'opinion indiquent que les Français veulent du changement, Emmanuel Macron peut réformer. C'est même une question de survie pour le gouvernement. Emmanuel Macron n'a été élu que par ça : cette envie de changement.
Et il n'a même élu que pour ça : "pour réformer, et rien d'autre". Ce n'est pas le moi qui le dit, mais les stratèges d'Emmanuel Macron qui l'ont théorisé jusqu'au plus haut niveau. "S'il arrête, dit l'un d'eux, le macronisme sera englouti en moins de trois semaines".
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