François Fillon contre Alain Juppé. Les plus de 4 millions d'électeurs de la primaire de la droite ont sélectionné les deux anciens premiers ministres pour le second tour de la primaire de la droite et du centre, le dimanche 27 novembre. Favori des sondages depuis plus d'un an, le maire de Bordeaux a pris une claque au soir du premier tour. Avec 28,6% des suffrages exprimés, Alain Juppé cumule en effet plus de quinze points de retard sur son adversaire direct. Contre toute attente, François Fillon a convaincu plus de 1,8 million d'électeurs, soit 44,2% des votants.
Le profil de l'électeur se dessine peu à peu. Le premier tour de la primaire a surtout mobilisé les plus de 50 ans, selon une étude Elabe réalisée pour BFMTV. Ces derniers représentent 62% des votants contre 45% des 35-49 ans. Les jeunes ont, semble-t-il, peu goûté aux arguments des candidats de la droite et du centre. Un électeur sur dix était âgé de 25-34 ans et seulement 6% avaient entre 18 et 24 ans. Contrairement aux retraités (43%) et aux classes moyennes supérieures (32%), les classes populaires (18%) et les inactifs (7%) se sont très peu mobilisés.
Si le ralliement d'Alain Juppé à François Fillon a un temps été évoqué, l'ancien premier ministre de Jacques Chirac a décidé de "continuer le combat". Peut-il inverser la tendance ? François Fillon va-t-il confirmer l'élan du premier tour ? Difficile de le prédire : les reports de voix ne sont pas automatiques et les inconnues qui entourent le scrutin peuvent faire pencher la balance d'un côté comme de l'autre.
Invité du Grand Jury RTL-Le Figaro-LCI dimanche 20 novembre, Thierry Solère, président du comité d'organisation de la primaire, tablait sur 3 millions de votants au premier tour de la primaire. Quatre millions d'électeurs étaient finalement au rendez-vous. Cette forte participation a été fatale à Nicolas Sarkozy, qui pariait sur un corps électoral de 2 millions de personnes. Le candidat déçu de la présidentielle de 2012 a terminé la compétition à la pire des places, avec un peu plus de 20% de fidèles.
Les sarkozystes suivront-ils la décision de l'ancien chef de l'État, qui a décidé de rallier son ancien "collaborateur" François Fillon ? Au soir de sa défaite, ses 850.000 militants, certains en pleurs, avaient écarté le scénario catastrophe. Orphelins de leur champion, les électeurs de Nicolas Sarkozy, dont la campagne flirtant avec le FN a longtemps été dénoncé, se déplaceront-ils à nouveau le 27 novembre ou rejoindront-ils Marine Le Pen en avril prochain ?
La logique est la même pour les autres candidats. Les électeurs de Nathalie Kosciusko-Morizet, Bruno Le Maire, Jean-Frédéric Poisson et Jean-François Copé retourneront-ils aux urnes maintenant que leur champion est éliminé ?
Dimanche 20 novembre, plus d'un électeur sur cinq ne se revendiquaient pas du parti Les Républicains ni du centre : 15% se disaient de gauche, 8% du Front national. Maintenant que la mission des électeurs de gauche est accomplie - à savoir l'élimination de Nicolas Sarkozy -, ont-ils l'intention de s'immiscer dans le duel Juppé-Fillon ? Le programme traditionaliste et conservateur de l'ancien premier ministre de Nicolas Sarkozy pourrait-il leur donner des idées ?
Alain Juppé, qui appelle "les déçus du hollandisme" à se déplacer depuis le début de la campagne, a plus qu'intérêt à noircir le tableau de François Fillon et multiplier les attaques sur son programme. Position sur l'avortement, proximité avec la Manif pour tous... Plus l'électorat de gauche se déplacera en masse, plus ses chances de l'emporter augmenteront.
Elles ne représentaient que 41% des électeurs au premier tour le 20 novembre. Les femmes sont convoitées par les deux finalistes de cette primaire. Ce n'est pas un hasard si le débat sur la consolidation de l'avortement a été ressuscité par Alain Juppé. Le maire de Bordeaux souhaitait mettre François Fillon face à sa conviction personnelle. Le député de Paris avait assuré qu’il ne changerait pas la législation sur le droit à l’avortement, même s’il était, en tant que catholique pratiquant, personnellement opposé à cette pratique.
Autre signe qui ne trompe pas : Alain Juppé, en meeting à Toulouse mardi 22 novembre, a appelé son épouse Isabelle à la rescousse. S'il se défend de toute stratégie politique, le finaliste, en ballottage défavorable, n'avait jusque-là jamais mis sa femme en scène dans ses grands rendez-vous avec les Français. François Fillon avait fait appel à son épouse, Pénélope, à de nombreuses reprises pendant la campagne, notamment pour discuter de la cause des femmes. Le 15 novembre dernier, elle présentait à la presse les propositions de son mari de candidat en la matière. La participation des femmes pourrait donc être une clef de l'élection.
Dans ce contexte d'incertitude et malgré le break réalisé par François Fillon au premier tour, toutes les combinaisons sont encore possibles le 27 novembre. La droite, qui souhaiterait bénéficier de cette primaire pour donner un élan considérable à son champion, peut toutefois nourrir une crainte : les effets négatifs de ce mano a mano. Si les deux anciens premiers ministres sont au coude-à-coude dimanche, la droite apparaîtra plus divisée que jamais à cinq mois de la présidentielle.
En plus d'éteindre la dynamique autour du vainqueur, un match trop serré pourrait faire resurgir le spectre des recours, qui ont tant mis à mal la légitimité de la droite lors de la bataille Fillon-Copé pour la présidence de l'UMP en 2012. Nicolas Sarkozy l'a bien compris lors de son discours d'adieu à ses militants et à la vie politique. En soutenant François Fillon, il se rallie derrière celui qui a le plus de chance de s'imposer et donc de rassembler largement. Premiers éléments de réponse dimanche 27 novembre aux alentours de 21h, après la validation des résultats des 2.000 premiers bureaux de vote.
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