2 min de lecture
Alba Ventura
Je m'abonne à la newsletter « Politique »
Marine Le Pen a créé la surprise en déclarant dans une interview au journal La Provence (daté dimanche 26 février), l'affaire Fillon a "assez duré". Volerait-elle au secours du candidat de la droite ? Pas vraiment ! Cela veut dire qu'elle vole au secours d'elle-même. La présidente du Front national est poursuivie dans une affaire de soupçons d'emplois fictifs concernant ses assistants européens.
Quand il y a des affaires comme ça, il y a plusieurs réactions de la part des politiques. Il y a ceux qui disent "la justice doit passer". En général, ceux-là ne sont pas impliqués et trouvent les juges formidables. Et puis il y a ceux qui, comme François Fillon ou Marine Le Pen, commencent par crier au complot, qui trouvent que les juges sont trop "politiques" et qui, ensuite, estiment comme le fait la patronne du FN qu'il faudrait suspendre en fait le temps judiciaire, parce que c'est le moment du temps politique.
Marine Le Pen voudrait une sorte de cessez-le-feu. C'est d'ailleurs amusant de voir "madame propre" sortir le drapeau blanc pour dire en quelque sorte : "Mais bien sûr que les juges doivent faire leurs enquêtes, mais pas maintenant. Là c'est le temps de la campagne, alors fichez-nous la paix, on fera le ménage plus tard !"
Au fond, Marine Le Pen fait exactement ce que les politiques ont toujours fait. Elle demande à ce que le temps de l'élection soit un temps sacré. Elle dit : "Laissons d'abord voter les Français, et ensuite la justice fera son travail". Comme elle est à son tour dans le collimateur de la justice, elle aimerait qu'il y ait une trêve électorale.
Il faudrait donc suspendre les enquêtes pendant la campagne électorale ? Aucun texte ne le prévoit. C'est ça la séparation des pouvoirs : les juges jugent et les politiques font de la politique, et à un moment le juge rattrape le politique ou pas. Alors c'est vrai que dans notre pays, les élections présidentielles sous la Ve République se sont souvent déroulées sur fond d'affaires (qui concernaient plus ou moins directement le candidat).
Souvenez-vous, par exemple, quand Jacques Chirac est poursuivi pour les emplois fictifs de la ville de Paris entre 1988 et 1995. Il est candidat, puis président, deux fois. Il sera condamné en 2011 (à deux ans de prison avec sursis) après avoir quitté l'Élysée.
Ça c'était avant. La question que l'on peut se poser aujourd'hui, la question que les électeurs vont avoir à trancher c'est : est-ce que tout cela est encore possible ? Est-ce que c'est encore audible ? Comment doit-on gérer la présomption d'innocence dans un moment de campagne décisif, dans un moment où la représentation politique est en crise ?
Est-ce qu'on élit quelqu'un pour son programme ou pour sa morale, son éthique ? Est-ce que l'on veut un président au-dessus de tout soupçon ou un président qui fait des réformes quand bien même il serait poursuivi par la justice ? Un casse-tête pour certains électeurs, notamment ceux de droite. Pour l'ensemble de ceux qui s'intéressent à la politique, c'est une campagne qui tourne mal, qui tourne en rond, et qui est surtout loin d'être à la hauteur des défis du pays.
Bienvenue sur RTL
Ne manquez rien de l'actualité en activant les notifications sur votre navigateur
Cliquez sur “Autoriser” pour poursuivre votre navigation en recevant des notifications. Vous recevrez ponctuellement sous forme de notifciation des actualités RTL. Pour vous désabonner, modifier vos préférences, rendez-vous à tout moment dans le centre de notification de votre équipement.
Bienvenue sur RTL
Rejoignez la communauté RTL, RTL2 et Fun Radio pour profiter du meilleur de la radio
Je crée mon compte