3 min de lecture

Présidentielle 2017 : "François Fillon, ou le danger du jusque-boutisme"

ÉDITO - Il y a deux semaines, François Fillon avait demandé quinze jours à sa famille politique pour sortir du tourbillon. Nous y voilà, et il est toujours candidat. Pari réussi ?

François Fillon à Chasseneuil-du-Poitou, le 9 février 2017

Crédit : SIPA

Présidentielle 2017 : "François Fillon, ou le danger du jusque-boutisme"

00:03:12

Présidentielle 2017 : "François Fillon, ou le danger du jusque-boutisme"

00:03:26

Olivier Bost & Loïc Farge

Je m'abonne à la newsletter « Politique »

François Fillon n’a pris aucun risque. Quand il a demandé ce délai de quinze jours à sa famille politique, il y a deux semaines, il savait déjà que personne, absolument personne, ne pouvait le contraindre à renoncer. Il a gagné la primaire. Aucune disposition ni aucun statut ne prévoit de procédure de destitution, en quelque sorte. D'autre part, très concrètement, c'est lui qui a l'argent de la primaire. Il n'y a donc que lui qui aurait pu prendre - et qui peut prendre - la décision de dire "stop".

Il n'y a que sa détermination et sa conscience. C'est pour ça qu’il a pu demander, sans prendre le moindre risque, quinze jours de délai aux parlementaires Les Républicains. C'est pour ça aussi qu’il a pu leur répéter, mardi 14 février, qu'il serait candidat jusqu'au bout. Toute fronde est donc vouée à l’échec. La majorité des députés et des sénateurs Les Républicains le savent.

Fillon le forcené

Ainsi l'avenir de la droite est complètement suspendu au bon vouloir d’un seul homme. François Fillon a parlé ces derniers jours à la Réunion de sa campagne comme d’un "train qui ne s’arrêtera pas". C'est pour ça que certains le vivent très mal chez les Républicains. Ils ont un peu l’impression d’en être les passagers involontaires. Ils ont même le sentiment d’être embarqués dans un avion avec un pilote qui aurait fermé la porte du cockpit.

Là, nous a confié un responsable Les Républicains, "après, quel que soit votre place, en business class ou en éco, ça ne change rien". Grand chef à plumes ou simples députés : tout le monde connaîtra le même sort. Soit l'avion atterrit en douceur, soit ils s’écrasent. Le risque de cette stratégie du jusque-boutisme, pour François Fillon, c'est un peu d’apparaître comme un forcené que son entourage essaie, sans succès, de raisonner.

Fillon estime que les principaux candidats, sauf Marine Le Pen, finiront aux alentours de 18% des voix

Olivier Bost
À lire aussi

Dans ces scénarios catastrophes, vous avez toute la palette de réactions possibles. Il y a les fatalistes, qui répètent "On est foutu, on est foutu, on est foutu !". Il y a les sarcastiques, qui ont une nouvelle échelle du temps : ils compte en Canard. C'est véridique : ils comptent sur leurs doigts, il reste dix Canard enchaîné avant le premier tour. Dans cet avion, il y a aussi ceux qui vont rester zen jusqu'au bout (en fait, ils vont se planquer). Et puis il y a ceux qui vont s’énerver, pour absolument rien. Voilà l'état de la campagne des Républicains !

Mais qu'espère François Fillon ? C'est peut-être surprenant, mais l'ancien premier ministre a aussi une vraie stratégie. D'abord il est invirable, il le sait et il joue donc la montre. Ensuite, il pense qu’il ne sera pas mis en examen : c’est important, c’est la seule condition qu’il s’est imposé pour un retrait. Enfin, il pense qu’il peut encore être qualifié au second tour, que c’est largement jouable.

Fillon le calculateur

François Fillon estime que les principaux candidats, sauf Marine Le Pen, finiront aux alentours de 18% des voix. Dans "ce mouchoir de poche" (c'est lui qui le dit), il pense qu’avec son socle de voix et un petit regain de mobilisation, il peut-être face à Marine Le Pen. Et là c’est la fin du calvaire, le match est plié. C'est son calcul.

Pour tenir ce pari, François Fillon scrute quotidiennement les études d’opinion. Lui qui a longtemps dit qu’il méprisait les sondages en a même parlé mardi 14 février devant les parlementaires. Il estime qu’il ne décroche plus, qu’il a atteint son plancher à 18%. Il regarde et espère qu'Emmanuel Macron va baisser.

Retrouver une dynamique, faire oublier ses histoires, redevenir audible : tout cela n’est pas le problème de François Fillon. Il est dans une seringue, et son seul souci c'est d'être le deuxième à sortir de la seringue.

La rédaction vous recommande

L’actualité par la rédaction de RTL dans votre boîte mail.

Grâce à votre compte RTL abonnez-vous à la newsletter RTL info pour suivre toute l'actualité au quotidien

S’abonner à la Newsletter RTL Info

En Direct

/

Bienvenue sur RTL

Ne manquez rien de l'actualité en activant les notifications sur votre navigateur

Cliquez sur “Autoriser” pour poursuivre votre navigation en recevant des notifications. Vous recevrez ponctuellement sous forme de notifciation des actualités RTL. Pour vous désabonner, modifier vos préférences, rendez-vous à tout moment dans le centre de notification de votre équipement.

Bienvenue sur RTL

Rejoignez la communauté RTL, RTL2 et Fun Radio pour profiter du meilleur de la radio

Je crée mon compte