Le premier parti de France n'en est pas vraiment un. Non, ce n'est pas le Front national, mais le PRAF. Traduisez "Plus rien à faire" pour les plus polis, "Plus rien à foutre" pour les plus radicaux. En tout cas, c'est comme ça que le politologue Brice Teinturier, directeur général de l'institut Ipsos, a intitulé son nouveau livre qui sort jeudi 23 février aux éditions Robert Laffont, avec le sous-titre La vraie crise de la démocratie.
L'ouvrage met en lumière ces 30% environ de Français qui ne s'intéressent plus à la politique, qui s'en sont détournés au cours des dix dernières années. Ce n'est pas le livre d'un spécialiste des sondages. Ce sont des enquêtes, des topos faits dans toute la France, qui montrent qu'à côté de la droite, de la gauche et du FN, il y a une autre force qui s'est amplifiée et qui devient inquiétante.
Les "PRAF-istes", ce sont tous ces Français qui n'ont plus foi en la politique, qui sont en train de divorcer de la politique. Ce sont des gens perdus pour la cause, perdus pour la politique.
Après avoir essayé Nicolas Sarkozy et François Hollande, ils estiment que la politique ne peut rien pour eux. Ils n'ont plus confiance en la parole publique. Pour eux, la transparence et l'honnêteté sont remises en cause.
L'image qui nous vient, c'est celle des "décrocheurs" (comme à l'école). Là, ce sont des décrocheurs de la politique. C'est un vrai problème pour la démocratie, surtout dans un pays où l'on vote traditionnellement beaucoup (autour de 80% ) à la présidentielle.
Cela pourrait avoir un impact direct sur le scrutin, d'abord parce c'est un potentiel abstentionniste. Si les candidats ne parviennent pas à réengager ces Français vers la politique, à leur redonner l'envie, on pourrait atteindre une abstention de 30, 35 ou 40%. C'est énorme, alors que lors d'une présidentielle - qui est l'élection phare en France, qui suscite toujours beaucoup d'intérêt -, on tourne généralement autour de 20% d'abstention.
Par ailleurs, pour devenir président de la République, il faut 18-19 millions de voix. C'est ce qu'ont obtenu, grosso modo, Nicolas Sarkozy en 2007 et François Hollande en 2012. Si en 2017, ces Français qui ont envie de faire un bras d'honneur à la politique, venaient gonfler les rangs des abstentionnistes, le niveau d'entrée, le niveau d'accès à l'Élysée, en deviendrait plus abordable.
S'il y a trois, quatre ou cinq millions de voix qui partent dans la nature, au lieu d'être élu avec 18-19 millions de voix, vous pourriez être élu avec 15 millions de voix. Le ticket d'entrée pour l'Élysée est soudain dévalué. Cela devient plus accessible, y compris pour le FN. Mais cela pose aussi un problème de légitimité et de crédibilité pour l'élu.
Que faire ? Vaste programme ! Il faut que les politiques se remettent à parler aux Français, de ce qui les concerne, de leur santé, de leur emploi, de leur école, comment faire fonctionner sa PME. Si l'on veut que les Français se ré-intéressent à la politique, il faut que les politiques se ré-intéressent aux Français.
Bienvenue sur RTL
Ne manquez rien de l'actualité en activant les notifications sur votre navigateur
Cliquez sur “Autoriser” pour poursuivre votre navigation en recevant des notifications. Vous recevrez ponctuellement sous forme de notifciation des actualités RTL. Pour vous désabonner, modifier vos préférences, rendez-vous à tout moment dans le centre de notification de votre équipement.
Bienvenue sur RTL
Rejoignez la communauté RTL, RTL2 et Fun Radio pour profiter du meilleur de la radio
Je crée mon compte