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Emmanuel Macron et Marine Le Pen
Crédit : AFP
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La course à l'Élysée a pris une autre tournure. Qualifiés en vue du second tour du scrutin, Emmanuel Macron et Marine Le Pen s'affronteront le 7 mai prochain dans un duel pour conquérir la présidence de la République. Il reste deux semaines de campagne, au cours desquelles les deux candidats débattront face-à-face, mercredi 3 mai. Une dernière joute verbale où le choix des mots pèsera aussi lourd que les propositions, dans la balance électorale.
Si le duel de vocables fait rage depuis de longs mois, il semble s'être accentué à l'annonce des premières estimations, dans la soirée du 23 avril. Dans sa première réaction publique après sa qualification, Emmanuel Macron a soigneusement choisi sa sémantique. Le candidat d'"En Marche !" s'est introduit comme "le président des patriotes face aux nationalistes". Un vocabulaire traditionnellement revendiqué par la droite ou l'extrême droite. Invitée des Petits-déjeuners de la présidentielle de RTL en mars, Marine Le Pen avait déclaré à son endroit qu"'il (était) le mondialiste" et qu'elle était "la patriote".
On peut avoir tendance à recourir à ces deux termes comme des synonymes mais il s'agit d'un abus de langage. Il existe une différence entre le patriotisme et le nationalisme, même si elle est ténue. Le Larousse définit le patriotisme - duquel se revendiquent les deux candidats - comme "l'attachement sentimental à sa patrie, se manifestant par la volonté de la défendre". Selon cette même source, le nationalisme est quant à lui l'affirmation de la prédominance de l'intérêt national sur les autres intérêts, que ce soit ceux des individus ou d'autres nations. "Le nationalisme, c'est la guerre", avait déclaré François Mitterrand, dans une phrase restée célèbre.
"Jean-Marie Le Pen avait l'habitude de parler des 'nationaux'", rappelle le politologue Frédéric Charillon. Contacté par RTL.fr, l'enseignant à Science Po Paris et à l'Université d'Auvergne précise les contours de ces deux notions. "Le patriote, c'est celui qui aime sa patrie, qui la défend. Il y a une connotation défensive là où le nationalisme a une connotation offensive. Le nationalisme, c'est promouvoir sa patrie, y compris contre les autres. Il y a une idée de prosélytisme, explique-t-il. En ayant recours au terme 'patriote', Emmanuel Macron refuse de laisser le patriotisme aux seules mains de Marine Le Pen".
Si la mondialisation est une notion économique qui désigne le marché mondial et unifié, le "mondialisme" est un néologisme et non pas un concept de science politique. Couramment utilisé à l'extrême droite, il se rattache davantage aux institutions et sous-entend la fin de l'État souverain et l'avènement d'une entité mondiale à sa place. Dans les deux termes, il y a l'idée de monde.
"En accusant Emmanuel Macron d'être 'mondialiste', Marine Le Pen tente de satisfaire son électorat, qui est remonté à bloc contre les mécanismes extérieurs, qu'elle accuse d'appauvrir les Français. (...) Traiter quelqu'un de 'mondialiste' ou de 'mondialisé', c'est le soupçonner d'être un traître à la patrie. Dans le registre de l'extrême droite française, c'est une insulte, explique Frédéric Charillon. Ces insultes ne veulent pas dire grand-chose mais leur connotation péjorative est parlante. Et à ce moment-là de la campagne, les candidats cherchent à faire imprimer des connotations".
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