Ce mardi 19 décembre marque le cinquantième anniversaire de la pilule contraceptive. Je me demande si les combats homériques, terribles
qu'on a connus en 1967 à l'Assemblée nationale, avec des propos abjects notamment
à l'encontre de Simone Veil, auraient lieu aujourd'hui dans les mêmes termes.
D'abord parce que quand on voit qu'il a fallu attendre 2017
pour que les violences faites aux femmes deviennent une grande cause nationale,
il y a de quoi s'inquiéter de la considération qu'a réellement la moitié de la
société française pour son autre moitié. Et au final, nos politiques demeurent
toujours aussi frileux, toujours en retard d'un cran par rapport aux Français eux-mêmes.
Sur les questions de société, nos représentants sont
toujours plus prudents que leurs concitoyens. Regardez sur la procréation
médicalement assistée le gouvernement est en train de tergiverser. On ne sait
toujours pas si la PMA pour les femmes célibataires ou lesbiennes sera à
l'ordre du jour de 2018. C'est le flou le plus total, l'exécutif a visiblement peur, mais on se demande bien pourquoi.
Alors certes, il y a des opposants farouches et pas
forcément là où on les attend: souvenez-vous de la Une très hostile de Charlie
Hebdo. Mais si on regarde les études d'opinion, elles vont toutes dans le même
sens: les Français sont largement favorables à la PMA. Alors vous me direz et
vous aurez raison que les sondages ne doivent pas servir de boussole, mais s'il
y a en bien une de boussole crédible, c'est le programme d'Emmanuel Macron et
la PMA y figure. Il serait donc bien dommage que le nouveau chef de l'Etat
tienne tous ses engagements sauf celui-là.
Mais qu'est-ce qui pourrait le dissuader ? La crainte de
faire des déçus. Et puis il y a aussi le traumatisme politique du mariage pour tous. Sauf que l'affaire avait été mal ficelée de bout en bout par François
Hollande, alors qu'aujourd'hui la réforme est complètement entrée dans les mœurs.
L'anniversaire de la pilule, c'est la célébration du courage politique
Benjamin Sportouch, éditorialiste RTL
Le renouveau, celui que veut incarner Emmanuel Macron, c'est
aussi de savoir forcer les réticences qui peuvent subsister. Si sur la PMA
l'exécutif cale, ce serait un recul inacceptable. L'argument c'est que la PMA
pourrait conduire à la GPA, les mères porteuses. Oui c'est possible à terme, mais
là aussi nos politiques devraient sortir de leurs préjugés. Les Français y sont largement favorables pour les couples hétérosexuels.
Ce n'est pas le cas, c'est vrai, pour les couples
homosexuels même si le taux d'approbation est tout de même de 48%. La donne
peut donc très vite changer. En fait mieux vaut encadrer que d'interdire, la
prohibition n'a jamais fait ses preuves. On sait très bien que les couples les
mieux lotis peuvent avoir recours à l'un ou à l'autre, à la PMA et à la GPA à
l'étranger, c'est donc une question d'égalité.
L'anniversaire de la pilule, c'est la célébration du courage
politique. Mais quand on voit qu'un autre anniversaire l'an prochain, celui des
50 ans de mai 68 provoque tergiversations, hésitations au plus haut sommet de
l'État franchement il y a de quoi s'inquiéter de l'avenir des réformes sociétales
sous ce quinquennat. Mai 68 a peut-être été synonyme d'excès, mais pas de quoi
balayer le progrès que ce mouvement de libération a charrié. Il ne faut jamais
rien renier du passé et ne pas craindre le changement surtout quand il est
validé par les Français, vive donc le courage politique !
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