Jacques Chirac ne perd pas une occasion de gêner Nicolas Sarkozy
DÉCRYPTAGE - Jacques Chirac a naturellement apporté son soutien à Alain Juppé dans la course à la primaire à droite en vue de 2017. Le maire de Bordeaux est en duel avec Nicolas Sarkozy, que l'ancien maire de Paris ne porte pas spécialement dans son cœur.
Bien qu'il ne soit officiellement candidat qu'à la présidence de l'UMP pour l'instant, Nicolas Sarkozy est déjà en guerre contre Alain Juppé pour être le candidat de la droite en 2017. Jacques Chirac, qui se fait discret depuis qu'il s'est retiré de la vie politique, n'a pas manqué de rappeler son amitié et son admiration pour celui qu'il a toujours considéré comme "le meilleur d'entre nous".
Soutenir le maire de Bordeaux au détriment de son ancien ministre de l'Intérieur n'a pas été une surprise. Jacques Chirac n'a jamais vraiment pardonné à Nicolas Sarkozy son soutien à Édouard Balladur pendant la campagne présidentielle de 1995. Et l'ancien maire de Paris n'a jamais manqué une occasion de le faire savoir.
2004 : le vieux briscard recadre le jeune loup
Nicolas Sarkozy a affiché très tôt ses ambitions présidentielles. Le 20 novembre 2003, dans l'émission 100 minutes pour convaincre, il confiait déjà à Alain Duhamel qu'il pensait à l'Élysée, "pas seulement quand je me rase", avait-il ajouté.
Je décide, il exécute
J.Chirac à propos de N.Sarkozy
Six mois plus tard, la réponse du chef de l'État sera nette et précise. "Il n'y a pas de différends entre le ministre des Finances et moi, (...). Je décide, il exécute", a-t-il lancé face à Patrick Poivre d'Arvor et Arlette Chabot lors de la traditionnelle interview du 14 juillet 2004.
2002 - 2007 : l'ambition de Sarkozy freinée par Chirac
Nicolas Sarkozy avait pour stratégie d'occuper l'espace médiatique pendant le second mandat du président Chirac, obliger de composer avec l'ambitieux ministre, de surcroît populaire lors de son passage à l'Intérieur. Ce dernier n'a pourtant jamais obtenu ce qu'il convoitait tant : Matignon, qu'il estimait être un passage obligé avant d'accéder au poste suprême.
Que ce soit en 2002, lorsqu'il a nommé Jean-Pierre Raffarin, ou en 2005, lorsqu'il choisit son rival de l'époque Dominique de Villepin, Jacques Chirac n'a jamais confié le poste de Premier ministre à Nicolas Sarkozy.
2007 - 2011 : un dégel de courte durée
Après l'élection de Nicolas Sarkozy en 2007, Jacques Chirac est resté discret. Le Président retraité sortira de son silence en 2011, en publiant ses mémoires. Dans le second tome, intitulé Le temps présidentiel, il décrira son successeur comme "nerveux, impétueux, débordant d'ambition, ne doutant de rien et surtout pas de lui-même".
2012 : humour ou attaque frontale ?
Pendant la campagne présidentielle de 2012, François Hollande a été désigné pour être le candidat du Parti socialiste. Jacques Chirac le connait bien, puisque les deux hommes ont en commun d'avoir tous deux été élus en Corrèze.
Je peux dire que je voterai Hollande
Jacques Chirac en 2012
Après avoir dit tout le bien qu'il pensait de François Hollande dans ses mémoires, Jacques Chirac s'est retrouvé à ses côtés pour l'inauguration d'une exposition. À cette occasion, l'ancien Président déclare devant une foule de micros : "Je peux dire que je voterai Hollande." Pas sûr que Nicolas Sarkozy ait apprécié. Dans le clan chiraquien, on prétendra par la suite qu'il s'agissait "d'humour corrézien".
2014 : un désaveux sans surprise
Dans le duel qui oppose celui qui aura été l'un de ses plus fidèles collaborateurs, Alain Juppé, et celui qui lui a souvent mis des bâtons dans les roues, Nicolas Sarkozy, Jacques Chirac a très vite fait son choix. "J'ai toujours su qu'Alain Juppé serait au rendez-vous de son destin et de celui de la France. Peu de choses pouvaient me faire plus plaisir", a confié au Figaro le dernier Président a avoir effectué un septennat.
