Petit rappel : les frondeurs, ce sont ces députés qui ont empoisonné la vie de François Hollande pendant tout le quinquennat. Ils n’ont absolument rien obtenu, mais ils ont participé à la chute de l’image du chef de l’État. Les frondeurs se sont abstenus, et ils ont voté contre des textes très importants de leur majorité. Nous les avions un peu oubliés ces derniers temps. C’est normal. On est en pleine investiture pour les législatives. C’est la distribution des places pour les prochaines élections. Les critiques se font plus discrètes.
À gauche, le lien entre ces empêcheurs de tourner en rond et la primaire est évidente. Il y a eu une primaire en 2011, mais celle-ci n’a pas réglé la question de la ligne politique. Une primaire reste un casting, un choix de personne, avant d’être le choix d’un programme. Si on voulait être méchant avec ce processus, on dirait qu'une primaire c’est le choix de celui qui a le plus de chance de faire gagner son propre camp, et rien d’autre. Donc puisque ce n’est pas sur les idées que ça se joue, au moment de l’accession au pouvoir rien n’est réglé. Les haines recuites des congrès et autres festivités du Parti socialiste se sont réveillées.
Le deuxième effet de la primaire, pour les mêmes raisons, c’est le nombre complètement inédit - complètement dingue même - de ministres qui ont claqué la porte ou qui se sont fait virer. Là-aussi, les germes de ces crises à répétition étaient dans la primaire. Quand Arnaud Montebourg, Benoît Hamon, Martine Aubry et même Manuel Valls bataillaient contre François Hollande, ils ont gagné leur part de marché au sein de la gauche. Ils ont aussi, à ce moment-là, gagné le droit d’embêter le vainqueur. Il n’y a aucune raison que ça ne se reproduise pas à droite.
Il y a pourtant un principe écrit noir sur blanc dans le règlement de la primaire : les perdants doivent soutenir le gagnant. C’est ce qui se passera dans la primaire de la droite et du centre, on n’en doute pas une seconde. Mais ça n’engage que les candidats, pas leurs proches. Ensuite l'engagement de soutien vaut jusqu'à la victoire. Après, c’est une toute autre histoire qui commence. Il n’y a pas de règlement, rien n’est écrit.
Le grand risque de la primaire, c’est que les déçus s'en aillent
Olivier Bost
Dans les faits, le vainqueur d’une primaire est toujours obligé de composer un peu avec les perdants, d’élargir un peu son discours. Mais là il faut déjà imaginer comment un Laurent Wauquiez, chef des Républicains, plutôt sur une ligne droitière, va composer avec l'équipe d'Alain Juppé si c'est ce dernier qui gagne. De la même manière, un Jean-Pierre Raffarin ne laissera jamais tranquille Nicolas Sarkozy s'il l'emporte.
Le deuxième débat, prévu jeudi 3 novembre au soir, a peu de chances de purger les choses. Bien au contraire. Si le débat est vif, la fracture entre ce que l’on va appeler la "droite-droite" et le centre-droit va encore s’accentuer. On le sait - RTL vous le révélait la semaine dernière -, Nicolas Sarkozy a prévu d’interpeller Alain Juppé lors du débat sur son rapport avec François Bayrou. Mais on le sait déjà : aucune réponse ne pourra réconcilier les deux favoris de cette primaire.
Le grand risque de cette compétition, c’est que les déçus s'en aillent. Si Alain Juppé l’emporte, il n’est pas exclu que certains, chez Nicolas Sarkozy (pas chez les têtes d'affiche mais chez les électeurs), aillent voir du côté du Front national. À l’inverse si Nicolas Sarkozy l’emporte, chez Alain Juppé certains parlent déjà de refonder l’UDF : une vraie famille centriste qui ne se sentirait plus chez elle chez les Républicains.
Dans les deux cas, rien n’est simple pour gouverner dès le lendemain de la victoire. Soit la majorité sera faible à cause de l’entrée de 60 à 70 députés Front national. Soit la majorité sera fragile, à cause de frondeurs, qu’ils soient très à droite ou très au centre. Vous le voyez, une primaire c’est sympa pour les électeurs. Cela permet à une famille politique de ne pas se déchirer avant l’élection présidentielle, de ne pas présenter deux candidats sur la ligne de départ. Mais la primaire a un effet pervers : c’est que la famille politique se déchire plus tard, après la victoire.
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