C'est aux bras de sa femme, Brigitte, qu'Emmanuel Macron a traversé pour la dernière fois les longs couloirs du ministère de Bercy. Au terme d'une journée électrisée par les rumeurs de sa démission, l'ancien ministre de l'Économie a pris la parole afin d'annoncer publiquement son départ du gouvernement. Le motif ? "Pour se consacrer entièrement à son mouvement politique", selon les termes employés par l'Élysée. Son envie d'émancipation ne faisait guère de doute mais le calendrier semble avoir été bousculé. Le 24 août dernier, Emmanuel Macron apprenait la nouvelle à sa garde rapprochée. Dès lors, il précisait vouloir partir sans grand claquement de porte.
François Hollande avait donc reçu son ministre la veille de l'annonce afin que ce dernier lui fasse "part de sa réflexion quant à son mouvement politique". Mais l'entourage du président de la République l'assure : "À ce moment-là, il n'avait pas pris de décision quant à son avenir". Désormais, l'ex-membre du gouvernement se lance dans "une nouvelle étape" et n'hésite pas à préparer le terrain pour une éventuelle candidature pour l'élection de 2017.
"J’ai présenté cet après-midi au président de la République ma démission du poste de ministre de l’Économie, de l’Industrie et du Numérique. Je l’ai remercié de m’avoir permis de servir mon pays pendant deux années intégralement dédiées à la reconstruction de notre économie, dans le cadre de l’action du gouvernement conduit par le Premier ministre". Après ces quelques mots, Emmanuel Macron entame ensuite le bilan de son passage au ministère de l'Économie, tout en glissant un pied de nez au gouvernent : "J’ai consacré toute mon énergie à mener les combats que l’on m’a autorisé à livrer". Il détaille son bilan international, et plus précisément sur le plan européen, mais aussi au niveau national en se concentrant sur son action sur les PME.
Mais Emmanuel Macron reconnaît certains échecs : "Je n'ai pas tout réussi. Certaines entreprises ont connu la faillite, et leurs salariés le chômage - je pense notamment à la société Sambre et Meuse, qui n’a pas été sauvée malgré tous nos efforts. J’ai parfois échoué à faire partager la nécessité que j’éprouvais de poursuivre et même d’amplifier notre travail de transformation en profondeur de notre économie".
L'ancien membre du gouvernement marque cependant le point de rupture : "J'ai touché du doigt les limites de notre système politique : il pousse à des compromis de dernière minute car le travail d'explication est rarement mené". Il fait ainsi référence à la loi Travail qui a entraîné des manifestations et des actions violentes à l'égard des forces de l'ordre.
Emmanuel Macron aborde ensuite la question du terrorisme : "Au risque de déclassement individuel, à la menace de déclin collectif, s’est ajouté un danger physique pour les Français depuis que notre pays est attaqué par le terrorisme. La réponse à ce triple défi est évidemment sécuritaire, mais elle est aussi morale et civilisationnelle. Nous n’avons tout simplement pas le droit, dans cette situation, de répliquer les comportements qui ont toujours eu cours, de penser que l’organisation politique serait quant à elle immuable". C'est une première pour le protégé de François Hollande qui ne s'était prononcé sur le sujet qu'au moment du débat sur la déchéance de nationalité. Il avait ainsi affronter le gouvernement estimant que cela ne correspondait pas aux valeurs de la République. Il en profite aussi pour brandir la menace du Front national.
"Je souhaite aujourd’hui entamer une nouvelle étape de mon combat et construire un projet qui serve uniquement l’intérêt général", explique Emmanuel Macron qui en profite pour rappeler la ligne directrice de son mouvement "En Marche !". "Ce projet nécessite des transformations en profondeur de notre système politique, économique, social, qui demeure trop largement bloqué – chacune et chacun peut l’éprouver dans sa vie quotidienne, et en premier lieu les trop nombreux Français qui sont au chômage. Les blocages sont sectoriels, techniques, idéologiques et politiques. Or, dans notre pays, dans notre Ve République, le seul moment où les débats nécessaires pour décider ces transformations peuvent utilement avoir lieu sont les campagnes présidentielles", indique-t-il.
Il en profite aussi pour justifier la vocation de son parti, "ni de droite, ni de gauche" en déclarant que l'appartenance à un gouvernement (...) restreint l'action au strict champ de compétence ministérielle, ni avec l'indispensable solidarité qui s'impose à un ministre".
Emmanuel Macron semble avoir regagné sa liberté et conclut son discours par le calendrier et les échéances à venir. Après avoir sillonné la France et interrogés les Français sur leurs attentes, il compte délivrer un diagnostic du pays à la fin du mois de septembre.
"Je proposerai ensuite des actions en profondeur et en cohérence avec la vision que nous portons. C’est donc un projet ancré dans le réel, exigeant, redonnant à la France sa place, loin des jeux tactiques et d’appareils, que je veux porter. C’est un choix engageant. Car notre pays mérite de prendre pour lui des risques. Car je suis déterminé à tout faire pour que nos valeurs, nos idées, notre action puissent transformer la France dès l’année prochaine", explique-t-il insistant ainsi sur les enjeux de l'année 2017.
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