Angoisse face à la montée du Front national, dispersion ou rassemblement des "nouvelles forces" de gauche, reconquête à droite en terrain fertile... À la veille des élections départementales, les enjeux sont nombreux pour les partis politiques et l'exécutif.
Manuel Valls s'est fortement engagé dans la campagne, avec une dizaine de meetings avant le premier tour, et d'autres qui suivront entre les deux tours. Sa "mission" et son "devoir" de chef de gouvernement, a-t-il justifié, comme lors des élections européennes où il avait voulu effacer l'image de son prédécesseur Jean-Marc Ayrault. Le Premier ministre a fait du Front national sa cible principale voire unique, et promis de l'attaquer "jusqu'au bout" de la campagne. Disant avoir "peur" pour le pays, il s'est attiré de vives critiques au FN et à l'UMP. Son maintien à Matignon n'est toutefois pas en jeu.
Mais si le score catastrophique du Parti socialiste aux élections européennes pouvait difficilement à être imputé à un Premier ministre fraîchement nommé, un nouveau mauvais résultat risque de peser sur Manuel Valls, qui passera le cap des un ans à Matignon deux jours après le deuxième tour. François Hollande a lui aussi ciblé le "populisme" et déclaré vouloir "arracher" les électeurs du parti frontiste, dans une interview au Parisien.
Pas question de changer de ligne politique, a-t-il également dit à l'hebdomadaire Challenges, affirmant que sa ligne était "claire", et commençait "à porter ses fruits". Le président cherche toutefois à élargir la base de la majorité. Il a reçu des députés socialistes "frondeurs" à l'Élysée et espère faire revenir des écologistes au gouvernement.
L'angoisse est réelle au Parti socialiste à l'approche du premier tour. Dans tous les sondages, le Parti socialiste arrive en troisième position, loin derrière le Front national. Le premier secrétaire du parti, Jean-Christophe Cambadélis, a parlé de "suicide politique en direct" pour vilipender la division "incompréhensible" de la gauche, alors que celle-ci, unie, "serait devant le Front national".
Les reproches socialistes se tournent principalement vers les partenaires écologistes, qui ont choisi dans seulement 20% des cas de s'allier au Parti socialiste au premier tour, lui préférant souvent le Front de Gauche. En raison notamment du nouveau mode de scrutin (12,5% des inscrits pour se maintenir au 2e tour), la gauche risque d'être éliminée au premier tour dans quelque 500 cantons. Entre 30 et 40 départements sur 101 sont susceptibles de basculer à droite, selon un décompte de l'AFP. La gauche, qui dirige aujourd'hui 61 départements, ne semble pas en mesure d'en gagner un seul.
À la gauche de la gauche, ces élections départementales auront effet de test, dans un paysage mouvementé. Europe Ecologie-Les Verts (EELV) qui se déchire autour de l'éventualité d'un retour au gouvernement, est largement allié avec le Front de gauche (43% des cas) sur les 950 cantons (sur 2054) où ils sont présents. Une victoire des candidatures EELV-FG serait une pierre supplémentaire à l'édifice de l'ancienne ministre Cécile Duflot qui depuis qu'elle a refusé de participer au gouvernement Manuel Valls multiplie les attaques envers l'exécutif et a annoncé vouloir "œuvrer" à l'émergence "d'une nouvelle force politique".
En cas d'échec, ce sont les parlementaires écologistes, favorables à un retour au gouvernement, qui pourraient argumenter que "le positionnement contestataire, anti-gouvernement, oppositionnel, ne séduit pas les électeurs", comme l'a dit le député François de Rugy. Au Front de gauche, Pierre Laurent secrétaire national du PCF voit aussi dans les élections départementales l'occasion de "donner de la force (...) à cette nouvelle gauche qui est en train d'émerger".
L'UDI a investi 700 candidats et vise 500 élus. S'il a constitué 127 binômes en son nom, le parti centriste ne compte pas faire cavalier seul, et de nombreux binômes UDI-Modem et UMP-UDI ont vu le jour dans la plupart des départements. "Ces élections nous installeront comme partenaire, et pas comme vassal" de l'UMP, a assuré Jean-Christophe Lagarde à l'AFP en février. Le Modem aligne lui 342 candidats, en majorité au sein d'alliances avec la droite et le centre. Mais sans aucun binôme avec le Parti socialiste.
L'UMP espère inverser le rapport droite/gauche dans les départements qui est actuellement favorable à la gauche (60/40). Une ambition validée par les sondages. Toutefois, le match s'annonce serré avec le Front national qui fait à peu près jeu égal avec l'alliance droite-centre.
Nicolas Sarkozy, le président de l'UMP, a prévenu qu'il n'y aurait aucun accord avec le Front national au second tour, ni au "troisième tour" (l'élection des présidents des départements), et que tout contrevenant serait immédiatement exclu.
Au-delà d'un gain de département, qui serait la "cerise sur le gâteau" vu le mode de scrutin qui ne lui sied guère, le Front national espère surtout avec ces élections départementales élargir son cortège d'élus, alors qu'il ne dispose que de deux sortants. Avec 30% d'intentions de vote dans les sondages, les frontistes espèrent un très haut score aussi pour se placer en pole position pour 2017.
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