François Hollande s'exprimera ce jeudi (11 février) soir à la télévision, alors que les députés ont adopté la veille la révision constitutionnelle et qu'une annonce de remaniement est imminente. Un président de la République renforcé qui va s'adresser aux Français ? Il faut le dire vite. D'ailleurs c'est quand même un peu étrange de voir le chef de l'État s'exprimer alors que le Sénat n'a pas encore examiné le texte. Le processus institutionnel n'est pas terminé. On sait qu'à la chambre haute la droite est majoritaire et qu'elle a l'intention de remanier le texte qui ne sera plus le même que l'Assemblée a voté.
S'il va à la télé, c'est d'abord pour saluer ce vote de l'Assemblée. Pour dire : "Ouf !, il faut se satisfaire de ce que l'on a. Il faut déguster l'entrée, parce qu'on ne sait pas très bien si le plat qui suit arrivera tiède ou froid". Bien sûr, on aura compris que cette prise de parole sera dirigée vers les sénateurs. Le Président va leur envoyer un message et les placer face à leurs responsabilités, sur le mode : "Si ça échoue, ça viendra de vous, la droite !". Ou comment retourner la situation après s'être mis une balle dans le pied.
Par ailleurs, s'il s'adresse aux Français c'est aussi pour tenter de redonner du sens à une séquence qui n'en a plus (de sens). Depuis trois mois, depuis les attentats, depuis le Congrès de Versailles, on a complètement perdu le fil. On est passé d'un François Hollande acclamé debout à Versailles, à un vote sur la déchéance de nationalité, où il a manqué près de 100 députés socialistes. C'est plus d'un tiers du groupe PS, "le" parti du Président.
A force d'aller-retour et de manœuvres, tout le capital engrangé après les attaques terroristes s'est envolé. Une partie de son camp le voit comme celui qui a trahi les valeurs morales de la gauche. Les Français eux, n'ont pas compris comment ce débat avait pu s'enliser pendant trois mois. Maintenant que la révision constitutionnelle a passé le cap de l'Assemblée, François Hollande va essayer de remonter en première ligne et tenter d'effacer l'idée que derrière l'intention d'origine il y avait aussi du calcul politique.
La droite a explosé autant que la gauche. Le vote sur la "déchéance de nationalité" est très éloquent. Une moitié du groupe a voté pour ; l'autre moitié contre. Avec un Nicolas Sarkozy partisan du "oui" et un François Fillon menant la fronde pour le "non". C'était pourtant une mesure voulue par Nicolas Sarkozy en 2010, lorsque François Fillon était son premier ministre. Aujourd'hui, l'autorité de Nicolas Sarkozy est de plus en plus contestée. L'opération tactique de François Fillon crève les yeux, même s'il a toujours exprimé son refus de toucher à la Constitution. Français Fillon se voit dans cette affaire en principal opposant à François Hollande, tandis que Nicolas Sarkozy joue l'opinion. À quelques mois de la primaire, tout cela laissera des traces.
Mais ce que l'on retiendra surtout, à droite comme à gauche, c'est que l'on a ajouté du désordre politique au désordre sécuritaire. Le résultat de cette séquence c'est que tout avait commencé avec l'union nationale, et que ça se termine dans la désunion générale.
Alain Juppé est resté soigneusement à l'écart de la bataille Sarkozy-Fillon dans cette affaire de révision constitutionnelle. Surtout ne pas s'en mêler, ne pas s'abîmer. Le maire de Bordeaux engrange des points dans les sondages. Il engrange quelques soutiens. Le prochain sur la liste devrait être l'ancien premier ministre Jean-Pierre Raffarin.
Bienvenue sur RTL
Ne manquez rien de l'actualité en activant les notifications sur votre navigateur
Cliquez sur “Autoriser” pour poursuivre votre navigation en recevant des notifications. Vous recevrez ponctuellement sous forme de notifciation des actualités RTL. Pour vous désabonner, modifier vos préférences, rendez-vous à tout moment dans le centre de notification de votre équipement.
Bienvenue sur RTL
Rejoignez la communauté RTL, RTL2 et Fun Radio pour profiter du meilleur de la radio
Je crée mon compte