Cette fois, le torchon brûle entre Jean-Marie le Pen et sa fille Marine. Elle l'accuse de "suicide politique" ; lui, de "trahir l'esprit du FN". Là, c'est la guerre. L'interview que Jean-Marie Le Pen a donné au journal d'extrême droite Rivarol, c'est la goutte d'eau qui fait déborder le vase. La semaine dernière, il a redit que "les chambres à gaz ne sont qu' un détail de l'histoire de la Seconde Guerre". Mardi 8 avril, il a tenté encore une fois de réhabiliter Pétain, en disant qu'il n'est "pas un traître".
Jusque-là, Marine Le Pen a serré les dents et condamné les propos de son père. Mais là, cela fait fait deux fois en huit jours qu'il dérape. Elle a dû se dire : "Il faut que je l'arrête tout de suite, parce qu'à ce rythme-là il va en sortir une tous les deux jours !"
Voilà pourquoi elle a dit "stop", pourquoi elle va s'opposer à sa candidature en région Paca, pourquoi elle va tenter de le mettre hors jeu. C'était quelque chose qui couvait. Cela faisait quelques mois qu'elle estimait qu'à 87 ans, il était temps qu'il prenne sa retraite.
On connaît les Le Pen : ils sont colériques. Peut-on imaginer que la tempête retombe ? Non, parce qu'on n'en est plus à la fâcherie. Là, ce n'est pas une histoire de père et de fille. C'est une histoire de rupture politique. Il y en a déjà eu des ruptures politiques au FN. Jean-Marie Le Pen n'a plus jamais redit "bonjour" à Bruno Mégret, par exemple.
Dans l'interview que Jean-Marie Le Pen donne à Rivarol, on voit bien qu'il rejette ce que Marine Le Pen a fait du Front national. Lorsqu'il dit qu'il "s'honore", lui, "d'avoir rétablit l'honneur d'être de droite" (sous-entendu : maintenant le FN fait une politique de gauche), ou encore lorsqu'il s'oppose "à la retraite à 60 ans, une influence chevènementiste" (sous-entendu une influence de Florian Philippot, l'homme qui murmure à l'oreille de Marine Le Pen, passé un temps chez Jean-Pierre Chevènement).
Le FN de Marine ne ressemble plus à celui de Jean-Marie. Jean-Marie représente ce que Marine ne veut plus. Le père ne supporte plus que la fille s'émancipe, et la fille a trouvé l'occasion de s'émanciper. Jean-Marie Le Pen a toujours voulu être le rebelle permanent ; Marine Le Pen, elle, veut le pouvoir.
Oui, chez les Le Pen on peut s'engueuler. Mais les ruptures politiques, c'est à la vie à la mort.
Quel va être le sort de Jean-Marie Le Pen ? C'est compliqué. Il peut y avoir des mesures disciplinaires qui peuvent aller jusqu'à l'exclusion. Mais de là à lui retirer son titre de "Président d'honneur" ? Il parait difficile d'imaginer que lui parte du FN de son plein gré. C'est lui qui l'a fondé. Sans compter qu'il a des soutiens, qui ne vont pas laisser la fille pousser dehors le patriarche comme cela.
Il parait difficile d'imaginer que Jean-Marie Le Pen parte du FN de son plein gré
Alba Ventura
Mais pour Marine Le Pen, à deux ans de la présidentielle, avec les 25% qu'elle recueille dans les sondages, il n'était de toute façon plus possible de laisser son père la saborder. Elle a décidé qu'il ne pouvait plus venir parasiter son message. D'une certaine manière, elle va au bout de la dédiabolisation.
Marine Le Pen a dit 'stop". Elle a tué le père. Elle a dit en substance : "Lui c'était lui, maintenant c'est moi !"
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