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Alba Ventura : "La Tour Triangle, un camouflet pour Anne Hidalgo"
REPLAY / ÉDITO - La Tour Triangle verra-t-elle le jour à Paris ? Pas si sûr : le Conseil de Paris a retoqué le projet de la Mairie. Les Verts se sont alliés à la droite contre Anne Hidalgo.
Alba Ventura
Crédit : Elodie Grégoire
Pour le moment, la Tour Triangle reste dans les cartons. Le Conseil de Paris a rejeté lundi 17 novembre le projet de construction de ce gratte-ciel de 180 mètres, mettant en minorité Anne Hidalgo. C'est un sacré coup de bambou pour la maire de la capitale. Sans faire de mauvais jeu de mots, elle doit avoir la tête au carré.
Anne Hidalgo découvre en fait ce que c'est que de gouverner avec les Verts. Elle les a pourtant vus à l'oeuvre pendant douze ans, alors qu'elle était la première adjointe de Bertrand Delanoë. Ce n'est pas comme si elle ignorait leurs réticences vis-à-vis de ce projet de Tour Triangle. Elle le savait tellement qu'elle leur avait laissé leur liberté de vote. "Vous ferez ce que vous voulez" : c'est ce qui avait été négocié pendant la campagne des municipales.
La palme de l'hypocrisie pour la droite
Sans doute, elle imaginait qu'en évitant de les brider, elle les ramènerait au bercail. Elle a voulu tenté le coup sur l'air de "qui m'aime me suive". Cela n'a pas marché. Un vrai camouflet.
C'est une revanche pour Nathalie Kosciusko-Morizet. Mais dans cette affaire, la droite parisienne obtient la palme de l'hypocrisie. Il y a encore un an, elle était contre le projet. Lundi, elle était pour. Avant l'arrivée de "NKM" dans la capitale, la droite, comme le Medef, était favorable à ce projet, au nom des emplois qui seraient crées.
Mais Nathalie Kosciusko-Morizet, qui était plutôt sur une ligne écolo, en a fait un argument politique face à Anne Hidalgo. Elle a fait changer d'avis une grande partie de ses troupes. Les règlements politiques ont davantage primé que l'intérêt général.
Hidalgo a voulu tenté le coup sur l'air de "qui m'aime me suive" avec les Verts. Cela n'a pas marché.
Alba Vetura
La question de fond demeure : faut-il faire des gratte-ciels à Paris ? Quand vous voyez la Tour Triangle, vous vous dites : "C'est beau, c'est chic !" Cette pyramide de verre, esthétiquement c'est réussi ! On l'imagine la nuit, toute illuminée (bon avec des panneaux solaires, sinon les Verts ne seront pas contents !).
Londres a sa tour (The Shard), qui a reçu un prix pour le "gratte-ciel le plus remarquable de l'année 2013". Sans oublier Barcelone, Shanghai et New York, qui a son nouveau World Trade Center. pour l'image, Paris aurait eu sa Tour Triangle. C'est un emblème, une tour.
Des bureaux, mais pas de logements sociaux
Mais ce qui se joue sur le fond, c'est que l'on voudrait construire une tour de 80.000 mètres carrés de bureaux, alors qu'il y a déjà à Paris 18 millions de mètres carrés de bureaux, et qu'il manque dans la capitale au moins 500.000 logements sociaux. Elle est là l'équation à résoudre.
Il aurait fallu faire une tour et, dans le même temps, conclure un marché avec le promoteur pour construire des logements. On serait peut-être sorti de cette idée selon laquelle en politique on doit être pour ou on doit être contre.
Avec les arguments qui sont utilisés aujourd'hui contre la Tour Triangle (à savoir qu'elle ne peut loger personne, qu'elle est trop haute), les Verts et la droite se seraient opposés à la construction de la Tour Eiffel.
