Le siège de Deir Ezzor est fini. L'armée syrienne a annoncé, mardi 5 septembre, avoir brisé le blocus mis en place par Daesh depuis 2015. Ce dernier bastion de l'État islamique en Syrie est un point éminemment stratégique dans la guerre en Syrie et sa prise par l'armée de Bachar al-Assad va complètement perturber "l'équilibre clanique imposé par l'EI dans la région", explique Wassim Nasr à RTL.fr.
Pour le journaliste à France 24 et auteur de L'État islamique, le fait accompli, "le plus important, c'est la dynamique enclenchée depuis la prise d'al-Sokhna" en juillet dernier qui est justement de briser l'équilibre de la région.
Avec le blocus cassé, "Assad peut continuer à monter des milices sunnites anti-jihadistes" qu'il fait gonfler en déstabilisant l'EI et la région Est du pays. Ce nouvel équilibre va s'organiser "en faveur" du dirigeant syrien et va "renflouer ses rangs avec des fractions sunnites", poursuit le spécialiste qui précise dans un tweet qu'en même temps que la fin du siège, "Damas annonce la jonction entre ses forces", à savoir les différentes milices.
Mais ce n'est pas parce que le blocus est brisé que l'EI a perdu, "les trois quarts de la ville sont encore aux mains" de l'organisation terroriste, rappelle Wassim Nasr. Pour Gérard Chaliand, le groupe jihadiste ne "devrait toutefois pas tenir longtemps". Interrogé par RTL.fr, le géostratège et spécialiste de l'étude des conflits armés estime que "Bachar al-Assad n'a jamais été dans une meilleure position depuis le début de la guerre".
Bachar al-Assad n'a jamais été dans une meilleure position depuis le début de la guerre
Gérard Chaliand, géostratège et spécialiste de l'étude des conflits armés
De son côté, il voit plutôt dans les manœuvres du président héritier la volonté de vouloir "augmenter la population chiite grâce aux milices du Hezbollah, d'Afghanistan ou du Pakistan". Et d'ajouter qu'Assad avait gagné ce confort grâce à "l'Iran, la Russie et les Allaouites qui ont payé le prix fort pour défendre le régime".
Si Bachar al-Assad redevient fort, l'État islamique, lui, perd encore du terrain, au sens propre. Après Deir Ezzor, il n'aura plus de main mise sur la région de l'Euphrate qui était pourtant "leur point fort", selon Gérard Chaliand. "C'est la dernière chance qu'ils ont dans cette zone, c'est la quasi défaite des troupes de l'EI en Syrie", ajoute-t-il.
Ensuite, l'armée syrienne devra s'attaquer à un autre bastion jihadiste, mais qui émane cette fois de l'organisation concurrente de Daesh. Tahrir al-Cham, anciennement connue sous le nom du Front al-Nosra, l'ex-branche d'al-Qaïda en Syrie, est à Idlib et tient la ville. S'il y parvient, Bachar al-Assad aura repris la main, au moins militaire, sur la "Syrie peuplée", conclut Gérard Chaliand.
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