Quatre ans après le renversement du régime dictatorial de Mouammar Kadhafi, la France pourrait de nouveau emprunter les sentiers de la guerre en Libye. Le Figaro rapporte dans son édition du 23 décembre que Paris est en train d'esquisser les contours d'une intervention militaire pour contenir la poussée de l'État islamique dans son nouveau sanctuaire libyen.
Les modalités de l'intervention et les alliances restent à définir, mais l'urgence de la menace aurait convaincu Jean-Yves Le Drian d'ouvrir un nouveau théâtre d'opérations militaires de l'autre côté de la Méditerranée "à l'horizon de six mois, voire avant le printemps", alors que la France est déjà engagée en Centrafrique, au Mali et au Moyen-Orient.
À la fin du mois de novembre, des vols de reconnaissance ont confirmé l'existence de camps d'entraînement de l'EI à 250 kilomètres de Tripoli dans lesquels des jihadistes français manieraient les armes. Ces informations valident l'avancée de l'organisation terroriste dans le chaos libyen. Depuis la chute de Mouammar Kadhafi, après l'intervention de la coalition internationale en 2011, le pays est déchiré par des luttes de clans qui mettent aux prises une dizaine de groupes armés. Deux parlements revendiquent le pouvoir, l'un dans la capitale Tripoli, l'autre à Tobrouk, reconnu par la communauté internationale, à 1.200 kilomètres à l'est. L'EI a tiré profit de ces divisions politiques pour s'ancrer dans ce nouveau terrain dès la fin de l'année 2014.
Après la conquête de Derna à l'automne, une ville conservatrice de 100.000 habitants dont ils ont fait leur émirat islamique, les combattants de l'EI ont pris en février la ville côtière de Syrte, le fief de Kadhafi, à 400 kilomètres de Tripoli. Le groupe jihadiste a ensuite mis la main sur de larges territoires de la région et contrôle maintenant plus de 200 kilomètres de littoral sur le rivage méditerranéen. Les combattants islamistes progressent désormais vers la région d'Ajdabiya, au sud de Benghazi, où se situent la plupart des sites pétroliers et gaziers et l'essentiel des trafics transfrontaliers vers le sud libyen. Cette avancée inquiète au plus haut point la France et l'Italie, grands importateurs des ressources pétrolières et gazières libyennes, comme l'a reconnu mi-décembre le ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian sur RTL.
Face au rétrécissement de son califat irako-syrien, l'EI a fait de la Libye sa nouvelle terre de jihad. Les combattants affluent du Moyen-Orient, du Yémen, du Soudan ou de Tunisie. Les rangs de l'EI en Libye seraient ainsi passés de 400 hommes au début de l'année à 2.000 ou 3.000 hommes, dont 1.500 à Syrte. Le groupe jihadiste dispose notamment de camps d''entraînement à la frontière tunisienne. C'est là qu'auraient été préparés les attentats qui ont frappé la Tunisie cette année. Les états-majors européens redoutent désormais le scénario noir, qui est de "voir un bateau de combattants de l'État Islamique, partir des côtes libyennes, pour aller attaquer des bateaux en Méditerranée, ou accoster à Malte ou en Italie", précisait début décembre à RTL David Thomson, spécialiste des questions jihadistes.
Paris refuse d'entendre parler d'intervention tant que les parties libyennes ne sont pas parvenues à trouver un terrain d'entente. Le ministre des Affaires étrangères Laurent Fabius s'est entretenu mardi avec Fayyez al-Sarraj, le futur premier ministre du gouvernement d'entente nationale qui doit voir le jour à la fin du mois de janvier, en vertu de l'accord politique signé à Skhirat, au Maroc, la semaine dernière et entériné jeudi par le Conseil de sécurité des Nations unies. Une fois opérationnel, ce gouvernement devra mener la lutte contre l'EI avec ses propres milices.
Mais il pourra demander une assistance logistique, en armement, en renseignement et en formation, voire des frappes aériennes aux pays qui proposeront leurs services, soulignent des diplomates auprès de l'AFP. La France miserait "sur cette option à fond", selon un proche de Le Drian cité par Le Figaro. Paris et Washington estiment que les terroristes ne tiendraient pas longtemps face à une armée régulière libyenne.
À défaut d'un accord, la France poursuivrait son travail pour mettre sur pied une coalition militaire, affirme Le Figaro. L'Italie et le Royaume-Uni seraient déjà partants. Rome, qui a prévenu que la Libye "risque d'être la prochaine urgence", serait prête à assumer le leadership des opérations dans son ancienne colonie. Les Britanniques seraient pour leur part disposés à envoyer 6.000 hommes. Jean-Yves Le Drian n'aurait également pas renoncé à convaincre l'Égypte et l'Algérie de venir gonfler les rangs de l'opération, qui bénéficie du soutien des États-Unis.
Quant à la France, déjà engagée sur plusieurs opérations et en état d'urgence sur son territoire, elle devra décider quelle est sa priorité et définir le mode d’intervention. "S'il y a des frappes, ce sera sans nous, c'est aux pays arabes voisins d'agir", confiait récemment un haut diplomate français à RTL. Mais les ressources limitées de la France ne plaident pas en la faveur d'une intervention au sol. "Je ne nous vois pas nous engager avec une brigade Serval, car nous laisserions des plumes dans ce bourbier et en termes de capacité nous sommes au taquet", affirme ainsi un officier supérieur au Figaro.
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