Pour annoncer son arrivée en Libye, le groupe État islamique (EI) avait envoyé un faire-part macabre en février 2015 : la vidéo de la décapitation de 21 chrétiens égyptiens venus y travailler. Depuis, les jihadistes occupent 250 km de côte autour de la ville de Syrte, juste en face de l'Italie.
Daesh attire en Libye des combattants de tous les pays de la région, y compris de Syrie où les frappes occidentales s'intensifient. Ce pays est en plein chaos après l'intervention militaire de la coalition internationale en 2011 (Canada, États-Unis, France, Grande-Bretagne) qui a provoqué la chute du régime Kadhafi. Depuis, il y a eu des élections mais la guerre fait rage entre les différentes tribus qui n'arrivent pas à se mettre d'accord sur un gouvernement unique. L'EI profite de cette instabilité pour y installer ses camps d'entraînement. Les attentats revendiqués par le groupe et perpétrés par des jeunes formés en Libye se multiplient en Tunisie voisine.
"La Libye risque d'être la prochaine urgence", a mis en garde le président du Conseil italien, Matteo Renzi. Cette ex-colonie italienne, devient "clairement un pôle d'attraction à mesure que la Syrie est plus compliquée d'accès", souligne-t-on de source gouvernementale française.
"Les terroristes ne supportent pas l'idée qu'à quelques dizaines de kilomètres, il y ait une démocratie qui fonctionne", estime Kader Abderrahim, spécialiste du Maghreb et de l'islamisme à l'Institut de Relations Internationales et Stratégiques à Paris (IRIS).
L'Europe s'inquiète aussi d'un nouvel afflux potentiel de réfugiés en provenance de Libye. L'EI pourrait en profiter pour "débarquer des jihadistes à Lampedusa", île italienne distante d'à peine 300 km des côtes libyennes, s'inquiète un ministre européen.
"C’est un risque majeur, et c’est pour cela qu’il faut absolument que les Libyens s’entendent entre eux", a insisté le ministre français de la Défense, Jean-Yves Le Drian. La France se refuse à intervenir militairement tant que les clans rivaux libyens n'arrivent pas à se mettre d'accord sur une solution politique qui mettrait fin à la guerre civile.
"Il ne faut pas dégager les Libyens de leurs responsabilités en laissant entendre qu’un jour une intervention pourrait avoir lieu. Ils doivent eux-mêmes trouver les solutions qui s’imposent, et ils en connaissent le chemin", a déclaré Jean-Yves Le Drian.
Il ne faut pas dégager les Libyens de leurs responsabilités en laissant entendre qu’un jour une intervention pourrait avoir lieu
Jean-Yves Le Drian
Jusqu'ici tous les efforts de la communauté internationale pour aboutir à un accord intralibyen sur la formation d'un seul et unique gouvernement ont achoppé sur des rivalités de clans. Une conférence internationale, associant décideurs internationaux et régionaux, se tiendra le 13 décembre à Rome. Aucun pays occidental ne montre d'empressement à frapper en Libye, après le mauvais souvenir laissé par l'intervention de 2011 qui a conduit au chaos généralisé et suscité l'ire des pays voisins.
En attendant, l'aviation française mène des vols de reconnaissance au-dessus de ces positions jihadistes, a indiqué Paris vendredi 4 décembre. Les États-Unis sont déjà passés à l'acte, de façon très ponctuelle. Le 13 novembre, ils ont ainsi affirmé avoir tué lors d'un bombardement le chef local de l'EI, l'Irakien Abou Nabil, l'homme qui a revendiqué le massacre des 21 Égyptiens chrétiens en février dernier.
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