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Jean-Alphonse Richard
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La lutte contre le crime organisé est tellement fructueuse, le trésor saisi est tellement gigantesque, que les autorités italiennes doivent trouver des solutions ingénieuses pour faire prospérer ces biens saisis. C'est le cas notamment d'une villa emblématique bâtie au début des années 90 non loin de Naples, à Casal di Principe. Elle a été baptisée "Scarface" parce que le boss de la Camorra qui la possédait l'avait voulue strictement identique à celle du film avec Al Pacino dans le rôle de Tony Montana.
Cette demeure luxueuse à 2 millions d'euros a été saisie en 1996. Confisquée, elle a longtemps été laissée à l'abandon, puis finalement inscrite à un nouveau programme social. La bâtisse va accueillir dans les jours qui viennent des enfants autistes.
Fabrice Rizzoli, auteur du livre La mafia de A à Z (Tim Buctu Éditions), anime l'association Crim'HALT. Il a visité ce lieu symbole de la toute puissance de la mafia. "À l'intérieur, il va y avoir de quoi accueillir des enfants autistes, mais pas seulement. Ils vont pouvoir travailler : il y a un atelier de sérigraphie, un autre de boulangerie, donc c'est une possibilité pour redonner de la dignité à l'endroit même où la mafia piquait tout aux citoyens", explique-t-il. La "villa Scarface", confiée par l'État à une association, va sans doute s'appeler désormais la "maison de la liberté".
C'est une possibilité pour redonner de la dignité à l'endroit même où la mafia piquait tout aux citoyens
Fabrice Rizzoli, auteur du livre "La mafia de A à Z"
Comme cette maison emblématique, des centaines d'autres biens vont devenir des œuvres sociales. Le processus existe déjà, mais c'est effectivement la tendance suivie par les autorités italiennes. Car il y a sur-abondance sur ces biens saisis. Il en existe plus de 100.000, généralement invendables. Il y a peu ou pas d'acheteur pour ces maisons installées en terre mafieuse, ni d'investisseur pour les usines.
Plutôt que de laisser à l'abandon, on redistribue ce parc immobilier. On le fait prospérer pour le bien de tous. Ça s'appelle "l'usage social des biens confisqués". Et ça commence à marcher. "L'exemple le plus emblématique demeure les coopératives agricoles, note Fabrice Rizzoli. Sur des terrains que possédaient les mafieux, il y a maintenant des coopératives qui cultivent le blé, la tomate, l'aubergine, la vigne. Tous ses produits bio sont vendus, avec un chiffre d'affaires de 8 millions. C'est vraiment révolutionnaire : ce n'est plus la police, ce n'est plus seulement la justice, c'est le citoyen qui a un rôle contre la criminalité", observe-t-il.
C'est sans doute le meilleur moyen pour que la mafia ne fasse plus peur. Avec ce constat : dans les zones où les biens ont été saisis et redistribués (Casal di Principe près de Naples ou Corleone en Sicile), la mafia a cessé de tuer. Elle intimide sans doute toujours, mais elle ne tue plus. C'est vraiment une immense avancée.
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