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Un employé dans une usine Toyota à Kanda, au Japon
Crédit : AFP / Toru Yamanaka
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Les Japonais sont des travailleurs acharnés. Jusque-là, rien de nouveau. On se souvient de l'expression de notre ancienne première ministre Edith Cresson qui les avait comparés à des "fourmis". Sauf que ce travail à outrance est désormais clairement mortel. Tokyo va édicter une loi pour éviter le trafic des heures supplémentaires, à l'origine du "karoshi". C'est le terme qui désigne là-bas la mort par overdose de travail. Les cas se sont multipliés ces dernières années (un actif sur cinq y est exposé), mais la question restait plutôt tabou. Jusqu'au suicide, le jour de Noël 2015, d'une jeune employée du géant de la publicité Dentsu, morte d'épuisement et de stress.
Le mois précédent son décès, Matsuri Takahashi avait effectué 105 heures supplémentaires. Ce suicide a vraiment marqué les esprits et a servi de déclencheur. Du coup, c'est ce plafond fatidique et symbolique des 100 heures supplémentaires que la nouvelle loi veut abolir. Pour le gouvernement, il y a urgence. Des vies sont en jeu.
Le Premier ministre Shinzo Abe souhaite que le seuil légal des heures supplémentaires soit fixé à "seulement" 60 heures par mois. Officiellement, la loi autorise jusqu'à 45 heures. Mais personne ne respecte cet article du Code du travail. Les entreprises encouragent allègrement à faire exploser les compteurs. Le travail effréné, la productivité, les journées interminables : tout cela est profondément ancré dans la culture japonaise. La semaine de quarante heures, pourtant inscrite dans la loi, est ici, et depuis la fin de la guerre, une pure illusion.
"Au Japon, il serait inconvenant pour un cadre de travailler 40 heures"
Bernard Vivier, directeur de l'Institut supérieur du travail
"La mesure envisagée au Japon est innovante. Leur culture est celle d'un travailleur qui travaille énormément et où on se donne de manière très forte à l'entreprise, parce qu'il y a un besoin de gagner de l'argent", précise Bernard Vivier, directeur de l'Institut supérieur du travail. Il évoque aussi "une pression, une ambiance et un rythme". Ainsi, "il serait inconvenant pour un cadre de travailler 40 heures".
Vu ces habitudes, il n'est pas sûr que la nouvelle loi soit si facile à appliquer. Elle n'est clairement pas la bienvenue. Il y aura certes de lourdes amendes pour les contrevenants. Mais d'ores et déjà, des aménagements sont prévus. Par exemple, des secteurs clés pour l'économie, comme la recherche technologique et le développement, seront exemptés de la limites d'heures supplémentaires.
Elles seront libres de travailler non stop, à condition de compenser avec des visites médicales et des jours de congés supplémentaires. Le chemin s'annonce effectivement long pour que s'efface le culte japonais du "dieu travail".
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