Les divisions du parti républicain aux États-Unis ont éclaté au grand jour vendredi 25 septembre avec la démission du président de la Chambre des représentants, contesté par l'aile conservatrice qui lui reprochait un manque de combativité contre Barack Obama et les démocrates. À la surprise générale, John Boehner, 65 ans, a annoncé à ses troupes qu'il quitterait le Congrès le 30 octobre, constatant son impuissance à unifier le parti. Il occupait le poste, deuxième dans l'ordre de succession présidentielle après le vice-président, depuis janvier 2011.
La gorge serrée mais l'air jovial, John Boehner a expliqué aux journalistes qu'il avait prévu de démissionner à la fin de l'année, mais qu'en se réveillant vendredi matin, il avait décidé d'avancer son annonce. En aucun cas il n'a été déposé, a-t-il dit, sûr de remporter le vote de défiance que des rebelles préparaient. "Ma première responsabilité est envers l'institution", a-t-il dit. "Cette tourmente prolongée sur la direction de la Chambre causerait des dégâts irréparables à l'institution".
Mais pas sûr que son départ résolve les dissensions entre les deux ailes qui cohabitent au sein du parti républicain depuis 2010: d'un côté, les républicains dits traditionnels, conservateurs sur le fond mais réalistes sur les responsabilités du pouvoir, depuis qu'ils ont les clés du Congrès. De l'autre, plusieurs dizaines de frondeurs élus avec la vague anti-Obama du Tea Party de 2010, et partisans de l'intransigeance sur la réduction des dépenses publiques ou l'avortement, des têtes brûlées que John Boehner méprise en privé mais dont il ne pouvait se passer.
Le "Speaker" était ainsi forcé de négocier avec sa propre majorité, un affrontement permanent qui a provoqué crise après crise depuis 2011. Les États-Unis ont frôlé le défaut de paiement à l'été 2011 et en octobre 2013, quand la faction du Tea Party a cherché à empêcher le relèvement de la limite de la dette américaine. Décidés à abroger la réforme du système de santé de Barack Obama, les élus avaient par leur chantage provoqué une fermeture partielle de l'État fédéral pendant deux semaines en 2013, la première depuis 1996. Les Américains avaient jugé le parti républicain irresponsable, mais pour le Tea Party, la victoire était ailleurs: ses élus pouvaient clamer à leurs électeurs qu'ils ne plient jamais sur les principes.
"Les républicains du Tea Party et ceux de la direction n'ont pas de différences profondes sur le fond, c'est surtout une question de stratégie, et de savoir s'il faut faire des compromis", analyse Steven Smith, professeur de science politique à l'Université Washington à St. Louis. "Et ce problème ne s'est pas dissipé", prévient-il. Aujourd'hui, leur pouvoir est tel qu'ils menaçaient de paralyser à nouveau l'État fédéral à partir de jeudi prochain, début de l'année budgétaire, en raison d'une controverse sur les avortements opérés dans les cliniques de la grande organisation de planning familial Planned Parenthood, qui reçoit des fonds publics. Ils conditionnaient le vote d'une loi de finances générale à la suppression des crédits pour Planned Parenthood, ce que Barack Obama refuse.
Le "shutdown" devrait toutefois être évité: John Boehner, libéré des pressions internes, ira chercher l'appui des démocrates pour faire adopter une loi de finances jusqu'au 11 décembre. La nouvelle du sacrifice de John Boehner a déclenché une ovation lors d'une conférence conservatrice vendredi à Washington, le Values Voter Summit, où défilaient des candidats aux primaires présidentielles. Les meneurs du Tea Party ont célébré une victoire contre l'establishment.
Pour gouverner, on ne peut avoir 100% de ce qu'on veut
Barack Obama
Les démocrates ont vu dans sa démission la main d'une faction "extrémiste" qui n'a fait qu'aggraver depuis cinq ans la polarisation politique américaine. John Boehner "est quelqu'un qui comprend que pour gouverner, on ne peut avoir 100% de ce qu'on veut, il faut travailler avec les gens avec qui on n'est pas d'accord", a souligné Barack Obama.
Le favori pour la succession est le numéro deux du groupe républicain, Kevin McCarthy, un Californien tranquille qui fait le pont entre les modérés et le Tea Party. Sa première épreuve arrivera vite, car le Congrès est appelé à augmenter la limite de la dette avant novembre, afin d'éviter un défaut de paiement. "Le prochain président de la Chambre sera surveillé de très, très près par les membres les plus conservateurs de son propre parti", avertit déjà Stan Collender, expert du Congrès.
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