Ebola : "Faut-il croire les discours officiels ?", s'interroge Alexandra Szacka

L'épidémie de fièvre Ebola a déjà infecté près de 9.000 personnes et a provoqué environ 4.500 décès. L'OMS sonne l'alarme en disant que le nombre de cas pourrait doubler toutes les quatre semaines. La tension est particulièrement montée ces derniers jours. 

"Tant que l'épidémie était confinée à l'Afrique, l'Occident n'a pas trop fait attention. 'Who cares (qui s'en soucie) ?', disait-on tout haut", note Alexandra Szacka. Mais depuis, le vent a tourné et nos autorités se sont réveillées quand des cas sont apparus en Espagne, en Allemagne, en France ou aux États-Unis. Les principaux dirigeants ont promis des actions plus musclées, comme le contrôle systématique des passagers en provenances des pays africains.

On calme la population au détriment de sa sécurité sanitaire.

Alexandra Szacka

"Depuis plusieurs jours, le grand patron du Centre américain de contrôle et de prévention des maladies ne cesse de répéter que le risque d'Ebola aux États-Unis était minime (...) et qu'il ne fallait en aucun cas céder à la panique", s'étonne l'éditorialiste. Il a dû être pris au mot par l'hôpital de Dallas, car la première victime Eric Duncan, qui revenait pourtant du Liberia, "a dû s'y prendre par deux fois avant d'être admis". Aujourd'hui, on est à la recherche des 132 passagers du vol Cleveland - Dallas emprunté par une infirmière infectée.

Depuis, le patron du système sanitaire américain a fait amende honorable. "Trop peu, trop tard", regrette Alexandra Szacka. Car le protocole Ebola n'a cessé d'évoluer au fil des jours. "Il n'y a pas d'épidémie d'Ebola aux États-Unis, mais cette série de bavures et d'improvisations laisse perplexe", ajoute-t-elle. Et de s'interroger: "On se demande si, pour éviter la panique, on n'a pas mis la santé des Américains en danger". En clair, on calme la population au détriment de sa sécurité sanitaire.