Nous sommes à bord du "Godetia", un bâtiment militaire belge de 90 mètres, qui patrouille à l'est de la Sicile. Sur la passerelle, l'équipage est en liaison constante avec le QG européen à Rome. Ce jour-là, aucune embarcation de migrants signalée. La dernière alerte remonte à quelques jours.
"On reçoit un coup de téléphone du centre de coordination qui nous a indiqué qu'un navire était en train d'approcher de la frontière maritime de l'Italie", explique le Commandant Philippe de Cock. "Cela faisait six jours qu'ils étaient en mer. Ils avaient une fuite d'eau dans la salle des machines. Ils risquaient de couler s'ils poursuivaient leur route".
Vitesse maximale et un jour de mer, pour rallier le chalutier égyptien hors d'âge. Sur place, ils découvrent un esquif dangereusement surchargé avec 237 personnes à bord. Il menace de chavirer, car les migrants se mettent à sortir sur les ponts.
C'est un peu paradoxal, mais le premier contact s'effectue avec deux gros haut-parleurs, tandis que deux zodiacs se dirigent vers le bateau. Un ordre en fait en anglais, en arabe et en français. Un message un peu anxiogène.
Mais pour le second maître Guillaume Van Heghe, les sauvetages récents démontrent pourtant que cela est nécessaire. "Dans le deuxième navire, il y avait essentiellement des jeunes hommes africains. Il étaient énervés, en panique même", raconte-t-il. "Certains voulaient sauter par-dessus bord. On a dû calmer les gens bien avant de pouvoir les prendre. Si on a trente personnes qui sautent en une fois dans un zodiac, cela met en danger notre propre personnel", ajoute-t-il. Jusqu'au bout, les marins restent donc ultra-vigilants.
Tous les marins au contact des migrants portent une combinaison sanitaire jaune vif, avec capuche et gants. Des paras armés surveillent. Le soulagement prend du temps. Les migrants sont installés à l'arrière, avec eau et couvertures. Des psychologues et des interprètes interviennent. L'équipage confesse avoir été profondément touché par tous ces sauvetages.
"La plus belle image, c'est simplement le sourire des enfants qui prennent une feuille et qui commencent à dessiner comme si rien ne s'était passé avant, et sans savoir ce qui les attend ensuite", confie le commandant en second Anne Van Brée. Ce qui les attend ? Cela dépendra des policiers italiens, au port.
Le commandant Van Brée a vu beaucoup de réfugiés de guerre, mais aussi des migrants économiques prêts à tout pour entrer en Europe. "On a vu quelqu'un présent dans le zodiac jeter son passeport. Avec le vent, le passeport est arrivé dans la main de notre personnel. À ce moment-là, c'était facile de voir que la personne ne venait pas d'un pays en état de guerre", raconte-t-elle. Mais cela n'est pas du ressort de cette opération Triton. Ici, la mission c'est de sauver des vies.
Frontex, l'agence européenne chargée du contrôle des frontières, a sauvé un tiers des migrants arrivés sur les côtes italiennes, depuis le début de l'année, soit près de 18.000 personnes.
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