"Victoire !" : c'est le cri lancé par le tout nouveau ministre italien de l'Intérieur, Matteo Salvini, après le "non" de l'Italie à l'accueil des 629 migrants de l'Aquarius, et le "oui" de l'Espagne. Crier "Victoire !", au nom de quoi et de qui ? D'abord, crier "Victoire !" quand il s'agit d'êtres humains est particulièrement indécent.
Le maire de Naples s'est d'ailleurs désolidarisé de la décision du ministre. "Si un ministre sans cœur laisse les femmes enceintes, les enfants, les personnes âgées, les êtres humains mourir en mer, le port de Naples est prêt à les accueillir" : voilà ce qu'a déclaré Luigi de Magistris. Tout comme le maire de Tarente, dans les Pouilles, Rinaldo Melucci, qui s'est dit prêt "à recevoir toute vie en danger".
Non, ça n'a rien d’une victoire. C'est une démonstration. La première démonstration de Matteo Salvini en tant que ministre de l'Intérieur. Je vous rappelle que Matteo Salvini, chef de la Ligue, le parti d'extrême-droite qui vient de remporter les élections en Italie avec le mouvement Cinq Étoiles, a bâti toute sa campagne sur sa volonté d'enrayer l’immigration. Cela fait un peu plus d'une semaine qu'il est en fonction. C'est donc son premier fait d'armes, sa première action symbolique.
Mais vous savez, il n'y a que des démonstrations dans cette affaire. L'Espagne aussi fait une démonstration. Le tout nouveau premier ministre socialiste, Pedro Sanchez, fait la démonstration lui de son humanité face à la fermeté du pouvoir italien. Cela lui permet surtout de montrer qu'il est bien différent de son prédécesseur, le conservateur Mariano Rajoy. Et ça lui permet surtout d'envoyer un signal à l'électorat de gauche qui lorgne vers le parti radical Podemos.
Il y a surtout la grande démonstration d'impuissance de l'Europe, et notamment l'impuissance à organiser un accueil coordonné. Parce que Matteo Salvini, on peut tout lui mettre sur le dos. Après tout, son absence d'humanité est facile à exploiter. Mais qui supporte le plus la charge de l'accueil des migrants, si ce n'est l'Italie et la Grèce ?
L'Europe a laissé l'Italie se débrouiller, et on est surpris qu'ils aient voté pour l'extrême-droite ! C'est l'Europe qui a mis en place le fameux règlement de Dublin, qui consiste à obliger le migrant à faire sa demande d'asile dans le premier pays où il est entré. Et c'est en Italie qu'arrivent la majorité des migrants.
Oui, cette situation, c'est l'impuissance et l'échec de l'Europe, mais aussi de la France. Au fait, vous avez entendu Emmanuel Macron ? Gérard Collomb peut-être ? Non plus. Ah si ! Après plus de 24 heures de silence radio, le porte-parole du gouvernement, Benjamin Griveaux, a expliqué lundi 11 juin que "la France avait pris sa part". Sans doute, mais cela n'a pas permis de résoudre les fractures qui existent entre les 28 pays de l'Union européenne.
Et il va falloir aller un peu plus loin. Parce que, très concrètement, que va-t-il se passer pour les prochains bateaux ? C'est d'ailleurs peut-être ce qui a conduit Jean-Guy Talamoni, le président de l'Assemblée de Corse, à dire que les ports corses pouvaient être ouverts aux migrants.
Alors le Parlement européen a décidé de se réunir très vite cette semaine en urgence. Sauf que la semaine dernière, le sommet européen des ministres de l'Intérieur n'a débouché sur rien.
Parce que la vérité, c'est que face à tous les défis importants, l'Europe est absente. Parce qu’il n'y a pas d’Europe politique. Parce que c'est chacun pour soi ! C'est un naufrage, sans vouloir faire de mauvais jeu de mots !
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