C'est une information de BFM Business. Le porte-parole du gouvernement a démenti, mercredi 7 mars, en indiquant que rien n'est décidé. Mais il y a bien des préparatifs pour vendre la participation de l'État au capital d'Aéroports de Paris, qui ont commencé dès l'été dernier, peu après l'arrivée du nouveau gouvernement. La puissance publique possède 50,6% de cette entreprise qui vaut 17 milliards d'euros au cours de mercredi. L'État peut espérer récupérer 8 à 9 milliards d'euros.
Une bonne affaire pour le contribuable ? Honnêtement, il y a de quoi être très réservé sur cette opération. D'abord, un aéroport c'est une frontière.
Depuis quand privatise-t-on la gestion des frontières, surtout dans un monde où elles redeviennent stratégiques ? Aux États-Unis, pays pourtant fort libéral, les quelque 3.000 aéroports sont la propriété des États et des collectivités locales.
Ensuite, un aéroport c'est un monopole naturel. Vous n'avez pas le choix, si vous voyagez en avion, d'aller le prendre à Paris ou à Berlin. Vous utilisez évidemment le plus proche de chez vous.
C'est un monopole géographique en quelque sorte, exactement comme une route ou un réseau d'électricité. Cela assure à l'actionnaire une clientèle captive, qu'il sert sans réelle concurrence, et donc une rente financière.
Pourquoi donner une rente financière au secteur privé ? C'est ce qu'on a fait pour les autoroutes, il y a douze ans, lorsqu'on a privatisé d'importants tronçons chez nous, en hypothéquant des recettes futures pour l'État, au profit de sociétés privées très rentables. J'ajoute ensuite que le précédent de Toulouse devrait aussi faire réfléchir.
En 2014, le ministre de l'Économie, un certain Emmanuel Macron, a autorisé la vente de l'aéroport de Toulouse à un groupe chinois. Quelques semaines plus tard, le dirigeant de ce groupe a littéralement disparu, sans qu'on s'ache s'il a été inquiété par les autorités de Pékin. Il a fini par revenir, pour siphonner une bonne partir de l'abondante trésorerie de l'entreprise, au détriment de l'investissement promis.
Il serait plus intéressant de conserver ADP, d'encaisser ses dividendes et de les affecter au désendettement
François Lenglet
En clair, cette privatisation a été une catastrophe, au point que l'État voudrait aujourd'hui que le Chinois revende. A dire vrai, il y a eu quand même depuis deux autres privatisations qui ont été engagées, l'aéroport de Nice et celui de Lyon. Et ça ne semble pas se passer du tout aussi mal.
Qu'est-ce qu'on va faire de l'argent ? Les recettes de privatisations auraient deux emplois : désendetter le pays et constituer un fonds pour l'innovation de 10 milliards, qui rapporterait 2 à 300 millions par an pour financer l'innovation.
Le paradoxe, c'est qu'ADP rapporte aujourd'hui à ses actionnaires du 4% après impôt (c'est en tout cas le résultat 2017). Ce n'est pas rien aujourd'hui, c'est mieux que le livret A. Quel est l'intérêt de vendre une entreprise qui rapporte du 4%, pour faire des investissements dans le fonds de l'innovation qui ne sont pas sûr du tout de faire 4% ? Pourquoi ne pas mettre la participation ADP directement dans le fonds et en conserver ainsi la propriété ?
Quant à se désendetter, c'est une noble entreprise. Mais quel est l'intérêt, là encore, de vendre une entreprise qui rapporte autant alors qu'on s'endette aujourd'hui à 0,9% par an sur dix ans ?
Il serait bien plus intéressant de conserver ADP, d'encaisser ses dividendes et de les affecter au désendettement. Toute cette affaire fait penser à la politique du sapeur Camember, qui bouche un trou en en creusant un autre.
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