Le gouvernement présente ce lundi 5 mars le dernier volet de ses réformes du marché du travail. Vous vous souvenez des ordonnances pour réformer le Code du travail (c'était l'été dernier). Depuis il y a eu un projet sur l'apprentissage, un autre sur l'assurance-chômage, annoncé vendredi 2 mars.
Ce lundi 5 mars, Muriel Pénicaud, la ministre du Travail, présente sa copie sur la formation professionnelle, après avoir retoqué le projet élaboré par le patronat et les syndicat, qu'elle jugeait trop timide. Le diagnostic du gouvernement, c'est que le système actuel de formation ne marche tout simplement pas du tout.
Il y a une sorte de paradoxe français. On consacre une très grosse somme à cette formation professionnelle : 32 milliards d'euros, provenant de contributions des entreprises et d'argent public des régions et de l'État. Et pourtant, la formation se concentre sur ceux qui sont déjà les mieux formés - les cadres, en particulier.
Pour les chômeurs, la formation - quand elle est faite - n'améliore même pas les chances de retour à l'emploi, parce qu'elle est trop tardive ou inadaptée.
Et parallèlement, les entreprises se plaignent de ne pas trouver les compétences dont elles ont besoin, alors que le chômage est encore de près de 9% de la population active !
Le gouvernement évoque aussi un maquis dans lequel c'est difficile de se retrouver. Il y a des dizaines de milliers de prestataires de formation, et pas ou peu d'évaluation des services qu'ils proposent, ni des taux de retour à l'emploi.
Côté réforme de l'assurance-chômage, on a l'impression que la montagne a accouché d'une souris, par rapport aux promesses du candidat Macron. C'est vrai, parce que les promesses en la matière étaient complètement saugrenues. Il s'agissait de donner l'indemnité chômage aux salariés qui démissionnent, et non plus seulement à ceux qui subissent une rupture de contrat.
C'était absurde, et cela aurait entraîné une explosion du coût de l'assurance-chômage. Le candidat Macron avait d'ailleurs petit à petit restreint ce droit dans ses discours. Sur ce sujet, patronat et syndicats ont joué le rôle de ceux qui rappellent la réalité. Seuls les démissionnaires qui ont un projet précis et encadré, après cinq ans de salariat, se verront soutenus par les Assedic. Il y aurait entre 20 et 30.000 personnes concernées.
Idem pour le chômage proposé aux travailleurs indépendants : il sera beaucoup plus restrictif qu'annoncé pendant la campagne. Tout cela devrait produire un régime d'assurance-chômage à l'équilibre financier dès l'année prochaine.
Ces réformes sociales sont à l'évidence les plus importantes depuis des décennies par leur ampleur, probablement depuis les réformes de 1986-1987, conduites par Jacques Chirac et Philippe Séguin, sous la cohabitation. Quant à l'équilibre politique de cette affaire, la balance penche clairement du côté de l'entreprise. Ce sont des réformes favorables à l'entreprise, en particulier en matière de droit du travail.
Tout le pari, c'est le pari libéral, c'est-à-dire de penser qu'en avantageant l'entreprise, la France va créer davantage d'emploi. Autrement dit, que l'avantage donné à l'employeur va finalement profiter à l'employé. Peut-être...
Reste que dans l'expression "flexi-sécurité", il y a deux mots. La flexibilité pour l'employeur (ça c'est fait) et la sécurité pour les salariés (ça reste à faire). Peut-être les mesures annoncées par Muriel Pénicaut permettront-elles de rééquilibrer un peu la balance.
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