Rencontre avec Romane et son jazz manouche
Du jazz en famille avec le guitariste Romane et ses deux fils. Le père a été élevé à la musique de Django Reinhardt. Il a veillé à ce que ses enfants deviennent de bons guitaristes. Ses espoirs n'ont pas été déçus. Démonstration avec cette interview au cours de laquelle le trio a répondu aux questions de Jean-Yves Chaperon.
Le père, c'est Romane. Les deux fils, c'est Richard et Pierre Manetti. Chacun son style, mais au bout du compte une belle fusion musicale. Nous sommes allés à leur rencontre avant le concert qu'ils ont donné lundi 14 juillet devant le public de la Pinède Gould. On a déjà vu deux frères jouer ensemble, un père et un fils aussi, mais jamais un père et ses deux fils...
Romane : On n'arrête pas le progrès ! (rires)... C'est une histoire de famille, depuis mon grand-père on est guitariste.
Jean-Yves Chaperon : Il faut préciser que ça a commencé par un duo, Romane et Richard, et Pierre a rejoint le groupe... C'était une évidence, Pierre ?
Pierre Manetti : Pour moi, oui, mais je n'étais pas au niveau alors j'ai dû beaucoup travailler !
JYC : Qui choisit ce que vous allez jouer ?
Pierre Manetti : Un peu nous trois, on a réfléchi à des standards avec notre père, il voulait faire un disque de standards, ça me plaisait bien cette idée, et on a fait trois compositions, une chacun...
JYC : Richard, comment tu définirais vos styles de guitare ?
Richard Manetti : Papa, c'est facile : Django Reinhardt avant tout, mais aussi la chanson française, les musiques américaines très swing, très jazz... Pierre, c'est plus dans la modernité, même s'il reste beaucoup be-bop... Moi, c'est rock, folk, toujours l'improvisation, obligatoirement, tout ce qui est rythme, placement, ça me convient bien.
JYC : Pas de batterie, pas de basse, juste les trois guitares, ça constitue un orchestre à lui seul... Comment vous organisez le travail ?
Romane : Beaucoup de rigueur pour avoir beaucoup de liberté ! Jamais deux guitares ne font la même chose en même temps, toujours un qui se positionne comme un pianiste qui ferait les syncopes, un qui se positionne comme un batteur, qui fait une rythmique assez percussive, et un soliste. Mais ça tourne tout le temps.
JYC : Qu'est-ce qu'apporte la filiation dans la communication entre vous ?
Romane : Il faut surtout jouer beaucoup avec quelqu'un, et à partir de là, on partage des choses... on partage la musique, mais Richard comme Pierre peuvent rencontrer d'autres musiciens pour partager avec eux. Je ne suis pas sûr qu'être de la même famille apporte quelque chose de plus.
JYC : C'est un endroit particulier, cette scène ?
Romane : C'est un lieu magique, mythique,un festival qui a 54 ans ! Qui a vu passer tous ceux que moi j'ai adorés. J'ai toujours une nostalgie pour un certain jazz naissant, à l'époque où on pouvait tout inventer.
JYC : Merci à vous !
