Netflix : le géant américain de la VOD qui fait peur aux télévisions françaises

DÉCRYPTAGE - Le site américain de streaming vidéos pourrait s'installer en France. Une arrivée qui rebattra les cartes de la vidéo à la demande, dans le paysage audiovisuel français.

Netflix devra se plier aux normes français s'il souhaite s'intaller en France, explique Aurélie Filippetti ministre de la Culture

Crédit : AFP / JUSTIN SULLIVAN / GETTY IMAGES NORTH AMERICA

Avis aux amateurs de films et de séries. Des représentants du groupe vont se rendre à Paris "dans les quinze jours" pour discuter des conditions de leur arrivée en France.

Ce scénario serait "possible et crédible" pour le mois de septembre, a indiqué ce mardi 29 janvier la Société des auteurs et compositeurs dramatiques (SACD). Le site est accessible dans plus de 50 pays et souhaite désormais s'implanter en Europe.

Un catalogue garni et une diffusion multi-supports

Si la possible arrivée de Netflix émoustille autant les férus de cinéma et de séries télévisées, c'est parce que l'entreprise américaine en propose des milliers pour moins de 8 dollars par mois (5,85 euros).

La force de ce site de vidéos en streaming repose sur la facilité au niveau de l'accession de son contenu, disponible sur plus de 1.000 plateformes technologies, comme les télévisions, les ordinateurs, les tablettes mais aussi les consoles de jeux et les smartphones.

A la fois diffuseur et producteur de séries comme House of cards avec Kevin Spacey, Netflix révolutionne le mode de diffusion de ses programmes. En février dernier, il met en ligne en même temps les 13 épisodes de sa série sur le pouvoir en politique.

Un marché français attrayant

Pourquoi commencer par se lancer en France ? Les Français sont les premiers consommateurs de séries US en Europe, explique Direct Matin. Autre argument non négligeable, ils sont aussi les plus importants consommateurs de cinéma dans toute l'Europe.

Le coût de l'abonnement qui devrait se situer entre 6 et 8 euros séduit d'autant plus que les autres services de vidéo à la demande proposent des forfaits à 10 euros par mois environ.

Pour Victor qui réside à Londres, Netflix est une "médiathèque à la maison". Le consommateur ne jure plus que par cette plateforme streaming de vidéos : "On peut choisir le moment où l'on veut regarder un film ou une série. Il n'y a pas de publicité ce qui est un gros avantage. Je considère plus cela comme de la télévision. C'est un prolongement d'internet mais avec la qualité HD", explique-t-il au micro de RTL.

Un nouveau concurrent pour les chaînes françaises

Maintenant que l'arrivée de cette société américaine se concrétise, les chaînes de télévision et les services de vidéo à la demande commencent à s'inquiéter de voir Netflix rafler la plus grosse part du gâteau. Alors que certains parlent de révolution, Francis Balle auteur de Médias et société préfère croire en la télévision française. "Il ne faut pas imaginer que la télévision va être totalement pulvérisée avec l'arrivée de Netflix. Il ne faut pas sous-estimer la force de résistance des grandes chaînes généralistes gratuites".

Il reconnaît qu'"il ne faut pas non plus sous-estimer la paresse des gens qui peuvent accéder gratuitement à ce que l'on vous offre. La VOD c'était pour l'instant quelque chose d'extrêmement assez limitée. C'était un peu ce que fut pour internet le minitel".

L'exception culturelle française

Un seul bémol vient noircir le tableau pour l'implantation de Netflix en France : la fameuse exception culturelle. Aurélie Filippetti, la ministre de la Culture a précisé au Journal du Dimanche que "s'il veut s'installer ici, il doit se plier aux régulations".

L'exception culturelle devrait contraindre la société américaine à diffuser un certain nombre d’œuvres françaises et aussi européennes.

Actuellement les services de vidéos à la demande doivent verser 12 à 15% de leur chiffre d'affaires à l’État, souligne Direct Matin. Le chiffre d'affaires de Netflix sur l'année 2013 a été estimé à 3.609 milliards dollars.

Le site de streaming américain devra aussi gérer le délai de 36 mois imposé pour la diffusion d'un film après sa sortie en salles. Un élément qui pourrait freiner l'engouement des consommateurs pour le géant américain.