Isabelle Morini-Bosc : "On tremble constamment devant Piège blanc"

C'est sûr, il n'atteint pas toujours des sommets, le téléfilm Piège blanc (20h50 sur France 2) qui se déroule justement au sommet du téléphérique du Brévent, dans la vallée de Chamonix. Reste que cette histoire des victimes d'une tempête hors normes à 2500 mètres d'altitude mérite, et notre intérêt, et une solide analyse sur cette "télé" qu'on juge comme si elle avait les moyens du cinéma. Or, c'est loin d'être le cas, même si elle le co-finance largement.

L'histoire ? Celle d'une poignée d'individus pris dans un cataclysme force 10. Et comme dans tout film catastrophe, on découvre préalablement les "acteurs du drame à venir": le responsable du PC local qui trompe sa femme médecin avec la "dircom" du coin; la fille du couple, adolescente pré-rebelle; une jeune montagnarde célèbre qui veut immortaliser son mariage "tout en haut" avec ses proches (père "gros bonnet", mère ex-championne de ski); le marié qui cache un secret; le vieux guide bougon,etc. Là s'arrête la comparaison avec les films catastrophe, tournés en plusieurs mois avec des budgets quatre fois supérieurs à ceux du petit écran.

Un budget de 2 millions d'euros cachets des acteurs inclus

Le réalisateur Albert Ferry a dû, lui, boucler son Piège blanc en 24 jours, 15 en altitude par quasiment moins 20 degrés, le tout pour 2 millions d'euros, cachets des vedettes inclus. Des cachets également médicamenteux. Ces comédiens en ont eu besoin pour se remettre des cascades qu'ils ont effectuées eux-mêmes pour un plus d'authenticité...et d'économie !

Alors certes, on sent un peu le plastique dans le rocher, certes les effets sont parfois vraiment spéciaux, mais on tremble constamment pour ces êtres en survie en sursis, ce qui qui jette doublement un froid. Or donc chapeau à ce téléfilm imparfait mais efficace signé d'un auteur discret...qui n'en fait jamais une montagne.