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Le château de Gilles de Rais en Loire-Atlantique
Crédit : LEROY Francis / hemis.fr / Hemis via AFP
Au Moyen-Âge, la baronnie de Rais a été le théâtre de terribles crimes. Le baron Gilles de Rais a raconté ses meurtres, lors de confessions faites à son procès.
Son histoire est celle d'un noble aristocrate qui a massacré des enfants pour son plaisir. Il a violé, torturé, tué au moins 140 enfants, après les avoir kidnappés dans la forêt. Deux siècles plus tard, Charles Perrault s'en est inspiré écrire Barbe Bleue, l'histoire d'un homme riche et puissant qui torture et assassine ses femmes.
En 1404, Gilles naît dans le pays de Rais, dans le sud de la Bretagne historique. C'est une époque violente. Sa famille était riche, puissante en Bretagne, dotée de nombreuses terres. Il a vécu ses premières années comme tout jeune noble, inconscient de l'agitation du monde, à l'abri derrière les murs épais des châteaux familiaux. Il aimait la littérature, les poèmes et le théâtre.
Mais tout change à la mort de ses parents. Il n'avait que 11 ans. Sa mère est décédée, à la suite de la naissance de son frère, René, et son père la suit, un peu plus tard, tué par un sanglier lors d'une partie de chasse. Gilles et René ont alors été élevés par leur grand-père maternel, Jean de Craon. Un homme rude décrit à l'époque comme un vieux vicelard et cruel. Il a inculqué la puissance des armes plutôt que la force de l'esprit à Gilles de Rais.
Quelques années plus tard, Gilles de Rais a épousé, lors d'un mariage arrangé par son grand-père, Catherine de Thouars, héritière de domaines en Vendée. Ils ont eu une fille, Marie, mais Gilles de Rais ne les voyaient pratiquement jamais. Il n'était ni un mari aimant, ni un père attentionné. Il a développé une appétence certaine pour la violence et la perversité,
À 15 ans, il était sur les champs de bataille, harnaché d'une armure, prêt à trancher dans les chairs de l'ennemi à grands coups d'épée et de hache. Durant les dix années qui ont suivi, il s'est taillé une réputation de chevalier impitoyable, d'homme sans pitié, terrifiant et redoutablement efficace au combat. Cette réputation, ainsi que son nom, son rang, sa fortune, lui ont tracé une voie royale dans l'armée du roi de France, Charles VII.
Gilles de Rais s'est battu aux côtés de Jeanne d'Arc et est devenu un de ses plus proches compagnons. En 1429, il est nommé maréchal de France, par le roi Charles VII qui le place à sa gauche lors de son sacre à Reims trois mois plus tard. Il n'avait que 25 ans.
À 28 ans, Gilles de Rais s'est engagé sur le chemin de la folie. Et il va commencer par se ruiner, car Gilles de Rais a dépensé sans compter. Il s'est entouré d'une garde personnelle, de plus de 200 chevaliers qui eux-mêmes avaient leurs serviteurs, leurs valets, leurs cuisiniers et autres écuyers.
À peine deux ans plus tard, le baron était ruiné et a dû vendre des terres pour combler ses dettes. C'est le début de la fin, comme on dit. Il s'est alors entouré d'alchimistes, ces personnalités ésotériques à la mode à la fin du Moyen-Âge, des alchimistes qui lui ont promis de transformer le plomb en or. Il a ouvert les portes à des sorciers de toutes sortes, des magiciens, des charlatans, dont certains l'ont poussé à invoquer le diable.
Gilles de Rais a sombré dans le satanisme et ses cérémonies interdites. Il a ordonné des sacrifices humains et fait kidnapper des enfants, des jeunes garçons âgés de 6 à 12 ans. Il a fait subir les pires sévices aux enfants. Des pièces du château étaient de véritables salles de torture. Les garçons étaient suspendus par les mains, dépecés vivants. Le baron leur ouvrait les veines pour récolter leur sang, leur arrachait les yeux, leur coupait les oreilles. Il les égorgeait tout en les violant.
Pendant huit ans, Gilles de Rais a tué en toute impunité. Les disparitions d'enfants étaient de plus en plus nombreuses. Des complices du baron sillonnaient les campagnes et les alentours des villages, guettant des enfants seuls. Les rumeurs se propageaient et sont parvenues jusqu'à l'évêque de Nantes, révoltés par l'organisation des messes sataniques.
Des enquêteurs, envoyés sur place, ont découvert des ossements d'enfants dans les cheminées des châteaux de Gilles de Rais. Le baron est interpellé et ses complices interrogés. Au début, il a nié les accusations, mais devant les preuves et les récits, il a raconté sa vie, offrant aux juges une sorte de psychanalyse et a déclaré : "Ces actes de barbarie, je les ai commis pour mon plaisir et ma délectation charnelle".
Et il a ajouté : "J'ai voulu imiter Caligula et d'autres Césars qui jouaient avec des enfants et aimaient les martyriser". Fin de citation. Après de tels aveux, Gilles de Rais, 35 ans, a été condamné au bûcher et exécuté sans délai le lendemain de la sentence, le 26 octobre 1440 à Nantes. Il a été discrètement étranglé avant d'être brûlé, son rang et ses faits d'armes lui offrant une mort plus clémente que celle des flammes.
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