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Le film "Seul sur Mars" est-il le nouvel "Interstellar" ?

NOUS L'AVONS VU - Le film de Ridley Scott, qui sort en salles ce mercredi 21 octobre, est une ode à la science et un bon divertissement, mais n'a pas la poésie d'"Interstellar".

Matt Damon se retrouve seul sur la planète rouge dans "Seul Sur Mars"
Matt Damon se retrouve seul sur la planète rouge dans "Seul Sur Mars"
Crédit : © 2015 Twentieth Century Fox
Charlie Vandekerkhove
Charlie Vandekerkhove

Matt Damon incarne un astronaute échoué sur une planète lointaine, et Jessica Chastain interprète l'un des rôles principaux. S'agit-il là du scénario de Seul sur Mars ou d'Interstellar ? Les deux, à vrai dire. Dans le film de Christopher Nolan, qui a fait sensation en 2014, Matt Damon incarne un astronaute naufragé sur une lointaine planète de glace.

Dans celui de Ridley Scott, qui sort ce mercredi au cinéma, il est Mark Watney, un astronaute échoué sur Mars cette fois, abandonné par ses coéquipiers qui le croyaient mort, à la suite d'une mission échouée. Ces similitudes scénaristiques ont même, de l'aveu de l'acteur lui-même, fait hésiter Matt Damon à rempiler pour ce deuxième film.

Deux poids lourds du cinéma

Le film de Ridley Scott part avec de nombreux avantages. Tout d'abord, un réalisateur talentueux, à qui l'on doit entre autres Alien, Blade Runner et Gladiator. Ensuite, un casting talentueux, porté par Matt Damon, il est vrai, mais surtout par Jessica Chastain, en capitaine d'une équipe d'astronautes, ainsi que Kate Mara (Les Quatre Fantastiques), Sean Bean (Ned Stark dans Game of Thrones) qui, pour une fois, ne meurt pas, et Jeff Daniels.

Mais sur ces deux plans, Interstellar plaçait aussi la barre très haut. Avant celui-ci, Christopher Nolan a réalisé de grands films, dont la récente trilogie Batman, Inception et Le Prestige, adapté du célèbre roman de science-fiction de Christopher Priest. Porté par Matthew McConaughey, le casting réunissait notamment Jessica Chastain et Anne Hathaway.

Seul sur Mars 
s'inscrit indéniablement dans la lignée de Interstellar et du Gravity d'Alfonso Cuaron (2013) avant lui et joue dans la même catégorie. Il souffre d'ailleurs de ces deux comparaisons, mais les ressemblances s'arrêtent là.

La survie d'un homme contre celle de l'humanité

Dans Seul sur Mars, Mark Watney se révèle bien vivant et devra apprendre à survivre sur une planète hostile à toute forme de vie telle que nous la connaissons. Le film est une adaptation du roman The Martian, d'Andy Weir, un livre remarqué aux États-Unis mais passé complètement inaperçu en France.

Dans Interstellar, ce n'était pas la vie d'un homme qui était en jeu, mais celle de l'humanité. La Terre arrivant à sa fin, une équipe d'astronautes surdoués partait explorer d'autres systèmes solaires afin de trouver des planètes habitables à coloniser. Le message porté par chacun de ces deux films n'a donc rien en commun, et celui de Seul sur Mars n'a tout simplement pas la portée d'Interstellar.

Cette pauvreté semble d'ailleurs calculée par Ridley Scott, qui désire à la fois coller au livre, et faire la part-belle à la science, dans son sens le plus terre-à-terre. Interstellar utilisait la science plutôt comme un moyen, pour délivrer un message dépassant les frontières du scientifique. Dans Seul sur Mars, la science est une fin en soi. 

Une ode à la science, contre une ode à l'amour

Le film de Ridley Scott est une ode à la science. Annoncé comme la chronique de la survie d'un homme seul, au sens le plus extrême du terme, Seul sur Mars se révèle être un "feel good movie" divertissant. Gravity, d'Alfonso Cuaron, explorait très bien le thème de la solitude fondamentale dans l'espace. Seul sur Mars ne s'y intéresse tout simplement pas dans le sens philosophique du terme. Le spectateur ne ressent pas une seule seconde que le personnage est séparé du reste de l'humanité par "225 millions de kilomètres", comme le clame pourtant l'affiche du film. Un décalage étonnant.

Devant Seul sur Mars, on passe un bon moment, même si l'action est prévisible et s'enchaîne un peu trop facilement. Interstellar allait selon certains trop loin dans la complexité, mais cette radicalité faisait aussi la beauté du film, dont on en ressortait secoué. La fin, qui a laissé certains spectateurs perplexes, était une célébration de l'humanité et de l'amour, mise en avant à travers la relation père-fille. Interstellar était poétique et sombre, alors que Seul sur Mars est pragmatique et frise le comique par moments.

Un film hyperréaliste contre une fresque spatiale

Outre son ton jovial, ce qui caractérise le film de Ridley Scott, c'est aussi son hyperréalisme, revendiqué et surtout très bien vendu, notamment grâce à la collaboration de la NASApour qui le film est une formidable vitrine. La campagne de promotion visait notamment à montrer tout ce qui était réaliste dans le récit et dans le film lui-même. Lorsque Mark Watney fait pousser des pommes de terre pour survivre, on pense aux salades cultivées et mangées par l'Agence spatiale américaine. Les technologies présentées dans le détail par le film existent pour la plupart et l'ingéniosité du personnage, qui est un vrai scientifique, suffit à convaincre. Certes, Seul sur Mars extrapole, car nous n'avons pas encore la capacité d'envoyer une mission habitées sur Mars.

Interstellar, bien qu'enraciné dans une réalité scientifique, était surtout une extrapolation, à partir de nos connaissances actuelles. Le postulat de départ n'était pas le même, et le résultat final n'est pas comparable non plus. Le film expliquait des concepts scientifiques pour en faire des chimères, alors que Seul sur Mars reste dans la démonstration.

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