Le premier volume de L'Arabe du futur a été vendu à 250.000 exemplaires en France et traduit dans 14 pays. Son auteur Riad Sattouf avait reçu le grand prix RTL de la bande dessinée et le prix du meilleur album du festival d'Angoulême. Dans le tome 1, le lecteur découvrait le petit Riad en Libye et en Syrie. C'était à la fois drôle et émouvant. Le deuxième album, qui sort jeudi, est largement à la hauteur du premier : c'est l’événement littéraire cette fin d'année.
On pourrait même parler d'événement politique majeur, car c'est le livre obligatoire pour tous ceux qui veulent comprendre ce qui se passe en Syrie et dans les environs. Mais dans cet album, pas d'analyses géopolitiques pseudo-savantes, pas de grandes déclarations moralisatrices, et surtout pas une de ces opinions si bien tranchées qu'elles entrent toute seules dans le grille-pain. Non. Ici, du simple, du vrai, du pur et du rude talent.
Certes, toutes les vies sont uniques et intéressantes, mais s'il y en a une qu'il fallait raconter, c'est bien celle de Riad Sattouf. Il faut situer le personnage pour ceux qui ne le connaîtrait pas encore. La mère de Riad est bretonne, son père syrien, il a les cheveux blonds bouclés jusqu'aux épaules. Nous sommes en 1984.
Pour Riad, qui a six ans, c'est la première rentrée des classes dans ce petit village syrien, d'une extrême pauvreté, situé tout près de Homs. Son père l'emmène acheter des fournitures scolaires dans la seule boutique du village. "Une fois qu'il voulait payer, le type, pour montrer son amitié et son profond respect, se mettrait en quatre pour refuser l'argent. Mais ses deux doigts tenaient le billet, au cas où mon père l'aurait repris", s'amuse le dessinateur.
On retrouve la drôlerie avec laquelle Riad Sattouf raconte ses histoires, la drôlerie des situations désespérantes.et la délicatesse dans sa manière de les raconter. Cette rentrée des classes est un traumatisme absolu. La prof est à elle seule une curiosité. Tête voilée, mais mini-jupe assumée. Elle a des mollets tellement énormes que le petit Riad se demande comment elle peut tenir sur ses talons aiguilles. Mais ce que les enfants remarquent surtout, c'est le gros bâton qu'elle tient à la main et qu'elle utilise sans modération pour frapper les mains des cancres, des bavards, et de ceux dont l'uniforme n'est pas dans les règles.
Palmyre, un des endroits les plus impressionnants que j'ai vu de ma vie. On avait l'impression de marcher sur l'histoire des hommes
Riad Sattouf
On trouve d'autres personnages clés dans l'enfance de Riad : une cousine qui va lui apprendre la perspective, un cousin général de l'armée, pour lequel le père de Riad est prêt à toutes les bassesses pour obtenir un meilleur poste à l'université. C'est d'ailleurs à l'occasion d'une de ces tentatives mondaines que toute la famille Sattouf se retrouve un jour à Palmyre. "C'est un des endroits les plus impressionnants que j'ai vu de ma vie. Un lieu très étonnant : le sol de Palmyre était couvert de poteries et de pierres incroyables, on avait l'impression de marcher sur l'histoire des hommes", se souvient Riad Sattouf.
Il faut aussi signaler que les dessins sont truffés de détails hilarants. Le dessinateur est doté d'une mémoire hors norme. Il se souvient de toutes les situations dans les moindres détails. À le lire, on s'y croirait dans cette société archaïque où la famille s'éclaire avec une lampe à l'huile et où la mère de Riad cuisine inlassablement le même plat de lentilles sur un petit réchaud et où son père rêve de coup d'État.
Je suis une banane vivante
Riad Sattouf
On est tout aussi ahuris que lui quand il se retrouve à pécher les bigorneaux avec sa grand-mère baba-cool au bord d'une plage du Finistère, et deux pages plus loin dans les Alpes à apprendre à faire du ski. La schizophrénie le guette, se dit-on. Les artistes le sont tous plus ou moins mais celle de Riad Sattouf s'exprime peut-être dans sa passion limite névrotique pour les bananes. "Rien que d'en parler, je me sens ému. En Libye, je n'ai mangé que des bananes pendant environ 6 mois, comme je le raconte dans le tome 1. Je suis une banane vivante", s'amuse Riad Sattouf. L'exercice de l'autobiographie n'a donc rien enlevé à son sens de l'humour.
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